Une femme se demandait sur X (Twitter) pourquoi les hommes au physique ordinaire se plaignent de solitude tout en ne faisant aucun effort pour soigner leur apparence. La majorité des femmes, même sans avantages physiques particuliers, prennent pourtant soin d'elles, se mettent en valeur, cultivent leur séduction.
En explorant Tinder aux côtés d’un ami masculin, elle a fait défiler les profils d'hommes pendant qu'il faisait de même avec ceux des femmes . Au bout de quelques minutes, sidéré, il a lâché : « Mon dieu, je suis vraiment désolé pour toi. » Les femmes ordinaires sur l'application étaient beaucoup plus séduisantes que les hommes moyens, parce qu'elles y investissaient de l'énergie et de l’argent, contrairement aux hommes qui ne faisaient manifestement aucun effort.
Au-delà du conditionnement patriarcal qui pousse les femmes à s'objectifier, il faut rappeler que jusqu'à très récemment, les hommes n'avaient pas besoin de plaire. Le patriarcat maintenait les femmes dans une dépendance économique et sociale, garantissant même aux hommes les plus laids et les plus paresseux « d'obtenir » une épouse. Aucun effort n'était requis de leur part. L'accès aux femmes était un dû, pas un mérite.
Mais les règles changent peu à peu. Ils doivent désormais séduire, rivaliser, évoluer. Nous assistons au retour de la sélection sexuelle naturelle. Chez nos cousines, ce sont les femelles qui choisissent, et tous les mâles ne sont pas élus. Les patriarcats humains sont une inversion de toute logique évolutionnaire, constituant des systèmes anti-évolutifs qui permettent aux mâles les plus médiocres de transmettre leurs gènes. L’état de la planète en témoigne.
Cette récente mutation les bouleverse. Ils résistent, refusent de s'adapter. Ils réclament toujours le privilège sans l'effort, se sentent en droit de « posséder » une femme. Ils restent convaincus qu'elle leur est due et ne la perçoivent toujours pas comme un être humain autonome avec ses propres désirs. Un être humain qui va juger leur comportement et leur apparence. Leur désirabilité.
Surgissent alors la frustration, la rage et cette prétendue épidémie de solitude masculine des hommes qui ne supportent pas un monde où les femmes ne sont plus contraintes de les fréquenter ou de se mettre en couple avec eux.
Dans de vastes parties du monde, cela n’est toujours pas vrai. Mais dans nos sociétés occidentales d’exploitation, une majorité de femmes ne sont plus contraintes de se prostituer à un homme médiocre pour avoir droit à une existence légale, un nom, un toit et de la nourriture. Pendant des millénaires le patriarcat a donné aux hommes le privilège d’une sous-citoyenne domestique, si bien qu’ils la tiennent désormais pour acquise. Comme un dû inscrit dans la nature des choses.
Le fait que ce privilège s’écaille leur semble une injustice. Ils se sentent amputés d’un droit fondamental. Et pour l’instant, ils se dissolvent de rage dans leur médiocrité sans même envisager de se rendre un peu plus aimables.
(Post initialement écrit sur Facebook.)