Des années durant, les hommes qui aspiraient à imiter les femmes, que ce soit en se maquillant, en portant des vêtements féminins stéréotypés ou en se soumettant à une procédure de réassignation sexuelle médicale, ont été qualifiés de « transfemmes ». Bien plus récemment, l’orthographe a été modifiée en « femmes trans ». Cela a permis aux transactivistes d’affirmer que « les femmes trans sont des femmes » et qu’étant donné que les femmes sont des êtres humains adultes de sexe féminin (females), les « femmes trans » doivent aussi être de sexe féminin (female).
Lorsque l’on tente de mettre en question cette affirmation, ils répondent : « Oui, nous savons que le sexe est immuable, c’est bien pour cela que les femmes trans ont toujours été des femmes, leur sexe leur a juste été mal assigné à la naissance. “Trans” n’est qu’un autre descriptif de femmes — comme une “femme grande”, une “femme noire” ou une “femme handicapée”. Il n’y a pas qu’une seule manière d’être une femme. Certaines femmes ont des cheveux blonds, d’autres ont un pénis. Et en vertu de l’appartenance de ce pénis à un type de femme particulier, il devient automatiquement un “pénis de femme”. Si vous refusez d’accepter tout ceci, vous êtes un·e réac’ transmisogyne ».
À première vue, cette nouvelle interprétation du mot « femme » pourrait sembler progressiste et bienveillante : « Quand les gens vous disent qui ils sont — croyez-les. Acceptez-les entièrement et sans exception. Les droits des trans sont des droits humains ! »
Le problème est que non seulement l’affirmation « les femmes trans sont des femmes » n’a aucun fondement scientifique ou logique — de un, les hommes et les femmes, les mâles et les femelles, sont des sexes biologiques immuables et de deux, les définitions circulaires n’ont aucun sens — mais elle efface également les hommes qui s’identifient comme des femmes. Seuls les hommes peuvent être des « femmes trans ». C’est une évidence en vertu du fait que subir un processus de « transition homme-vers-femme » est une qualité fondamentale qui définit le fait d’être une « femme trans ». Par conséquent, si vous n’avez jamais été un homme au départ, vous n’avez jamais été une « femme trans » non plus.
Cette création d’une catégorie spéciale d’« hommes » — et son effacement simultané dans le langage — a eu de profondes répercussions sur les femmes, et sur les hommes qui souhaitent les imiter.
Les implications médicales
Historiquement, le changement de sexe médical (anciennement connu sous le nom de « changement de sexe » ou « réassignation sexuelle ») était conçu pour convertir les hommes homosexuels en membres hétérosexuels du sexe opposé. Ces hommes ont subi des abus homophobes tout au long de leur vie, mais au lieu de chercher à étendre la tolérance à leur égard, la société et le corps médical les ont déclarés « anormaux » et ont rendu l’attirance pour le même sexe passible de punition. Les expressions de types « Essence féminine », « éternel féminin », « homme piégé dans un corps de femme », « né dans le mauvais corps », « assigné à tort comme étant de sexe masculin à la naissance » sont autant de tours de passe-passe linguistiques destinés à masquer l’homophobie, ainsi que le fait que certains hommes se sentent tellement mal à l’aise avec leur corps et les rôles sociaux qui leur sont imposés qu’ils vont chercher à modifier radicalement leur apparence pour y échapper. Ils imaginent que si seulement les traits de leur visage pouvaient être plus féminins, leur voix plus aiguë, leurs seins plus gros, leurs cheveux plus longs, alors la société les reconnaîtrait comme étant les femmes qu’ils sont vraiment à l’intérieur, et ils pourraient vivre plus heureux.
Cette projection du malaise psychologique sur le corps n’est pas différente de l’expérience que vivent de nombreuses femmes vis-à-vis de leur apparence, de leur poids, de leur corps en général, et des rôles sociaux qui leur sont imposés, au point de se priver de nourriture jusqu’à perdre leurs caractéristiques sexuelles secondaires et leur graisse corporelle [ce qui en dessous d’un certain poids, peut les conduire jusqu’à l’aménorrhée, soit l’arrêt des règles, un symptôme familier des femmes anorexiques (NdT)]. Toutefois, la société s’accorde — généralement — à dire qu’il est néfaste d’affirmer la croyance irrationnelle d’une anorexique qui se ressent comme étant en surpoids et de lui proposer une liposuccion thérapeutique pour soigner sa détresse. Pourquoi, alors, la modification cosmétique extrême du corps est-elle considérée comme un traitement approprié de la détresse psychologique qui peut résulter du fait d’être né d’un sexe et non de l’autre ?
La dysphorie de genre, trouble dysmorphique corporel (TDC) ou dysmorphobie et les troubles de l’alimentation sont des entités distinctes, mais dans la pratique, ils coexistent souvent. Le fait que l’on considère presque exclusivement la modification du corps comme traitement envisageable de ceux qui s’identifient à des personnes du sexe opposé (ce qui est quasiment synonyme du diagnostic psychiatrique de « dysphorie de genre ») signifie que le trouble dysmorphique corporel est un trait significatif, voire dominant, du phénomène transgenre.
Bien que les TDC soient une contre-indication aux interventions cosmétiques — ou du moins qu’ils soient considérés comme des dispositions cliniques nécessitant une évaluation attentive par une équipe multidisciplinaire — en pratique, les patient·es souffrant de TDC sont sous-diagnostiqué·es et parviennent généralement à trouver un chirurgien prêt à les opérer, pour autant que le patient signe un formulaire de consentement [ex. : Michael Jackson, Lolo Ferrari, les Kardashian, etc. (NdT)]. Par conséquent, la pratique médicale qui consiste à traiter le mal-être psychologique par de la chirurgie, malgré la probabilité de résultats insatisfaisants, n’est pas non plus sans précédent.
Cependant, la « réassignation sexuelle » médicale va bien au-delà des procédures cosmétiques telles que le remplissage des lèvres et la rhinoplastie. Elle implique l’ablation de parties saines du corps, comme les doubles mastectomies et les hystérectomies pour les femmes et la castration et les vagino-plasties [la fabrication d’une cavité pénétrable, comme si c’était la fonction biologique principale de la vulve et du vagin (NdT)] pour les hommes, ainsi que l’administration d’hormones du sexe opposé à des doses suffisamment élevées pour masculiniser les femmes et féminiser les hommes. Ces interventions comportent des risques élevés de dommages physiques tels que des complications postopératoires débilitantes, des pertes de fonction et une augmentation significative de la morbidité à long terme, de la mortalité et du suicide.
Étant donné que les résultats montrent que la santé mentale au long terme s’aggrave après la réassignation sexuelle médicale (Dhejne, et al., 2011), nous sommes en droit de questionner la raison de ces interventions et le fait que les patients transidentifiés soient encouragés à risquer leur propre santé dans la poursuite d’un objectif coûteux — mais inatteignable — de changement de sexe.
Que ces patient·es aient ou non recours aux médicaments et à la chirurgie afin de « passer » pour le sexe opposé — la société confondant « identité de genre » autoproclamée et sexe — peut également entraîner la non-prise en compte de leur réalité biologique dans un contexte clinique (Dahlen, 2020 ; Wilson, 2021).
Au sein du NHS [National Health Service/Service National de Santé au Royaume uni (NdT)], il est devenu courant de modifier les marqueurs de sexe sur les dossiers médicaux pour les faire correspondre à l’identité de genre auto-déclarée du patient. (PCSE 2020)
Une confusion telle en a résulté que le NHS envoie désormais des convocations aux hommes qui ont coché leur sexe sur « féminin » pour des frottis à réaliser sur un col de l’utérus qu’ils n’ont pas, tout en omettant de les inviter pour les dépistages appropriés à leur sexe, tels qu’une échographie pour vérifier la présence d’un anévrisme de l’aorte abdominale. D’autre part, les femmes qui ont coché leur sexe sur « masculin » cessent d’être automatiquement invitées pour un dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus adapté à leur sexe. On attend des clinicien·nes qu’ils et elles nivellent les risques de cette situation, alors même qu’ils et elles déclarent avoir de plus en plus de mal à évoquer la question du sexe biologique [la question de la réalité physiologique ( NdT)] des patients transidentifiés dans les discussions sur leur santé, de crainte d’être accusé·es de « mégenrage » et de « transphobie ».
[Le mégenrage est le fait de correctement estimer le sexe d’une personne en fonction de sa réalité physiologique directement observable — au delà du maquillage et des vêtements stéréotypés — et donc, de ne pas reconnaître une personne en fonction de son identité intime et subjective. NdT]
Une autre conséquence du mantra « les femmes trans sont des femmes » est que les hommes n’ont qu’à déclarer que leurs pronoms sont « she/her » [« elle » et le fait de tout accorder au féminin (NdT)] pour être automatiquement placés dans les hôpitaux pour femmes et les ailes des services psychiatriques réservés aux femmes (Helyar, Hill & Griffin, 2021). Ce système ouvre non seulement la porte à tous les abus possibles par les prédateurs masculins, mais il prive également les femmes des espaces non mixtes dont elles ont tant besoin aux moments où elles sont le plus vulnérables à la violence masculine.
Implications sociales
Très longtemps, notre société a éprouvé de grandes difficultés à comprendre la violence des hommes envers les femmes. Comment des hommes censément empathiques peuvent-ils déshumaniser les femmes et les traiter comme des choses ? Comment peuvent-ils réduire la moitié féminine de la population à une apparence et à des parties de corps, et échouer ainsi à considérer leur humanité ? La façon dont les hommes traitent les « femmes trans », ainsi que la façon dont les « femmes trans » réduisent les femmes à une image objectifiée [et souvent hypersexualisée (NdT)] au travers du regard masculin (male gaze), peuvent faire la lumière sur cette question.
Certains des partisans les plus écoutés de l’idée que « les femmes trans sont des femmes » sont des hommes qui n’envisageraient même pas les hommes transidentifiés [les femmes trans » (NdT)] comme des partenaires sexuels potentiels, et lorsqu’ils recherchent une mère porteuse pour leur enfant, ils se tourneront spécifiquement vers une femme (biologique). Pourtant, ces hommes promeuvent une idéologie qui a pour fondement de prétendre qu’il est impossible, trop compliqué et qu’il est haineux en soi de répondre à la question « qu’est-ce qu’une femme » autrement qu’en disant « une femme est toute personne qui s’identifie comme une femme ». [Ce qui est une définition circulaire, ou vide de sens. NdT]
D’autre part, les lesbiennes sont qualifiées de « réacs » (bigots) lorsqu’elles excluent les hommes transidentifiés de leur cercle de fréquentation ; et quiconque fait remarquer que les « femmes trans » ne peuvent pas être des lesbiennes, car les lesbiennes sont des femmes attirées par des personnes du même sexe, alors que les « femmes trans » sont en réalité des hommes, sera accusé de « transphobie » et dénoncé comme « transphobe ».
Cela fait du mantra « les femmes trans sont des femmes » un outil de plus avec lequel les hommes peuvent opprimer et contraindre les femmes [à coucher, à accepter des hommes dans leurs espaces (NdT)].
Ne pas reconnaître que les « femmes trans » sont des hommes nous empêche également de comprendre pourquoi d’autres hommes se sentent obligés de les exclure de la classe sexuelle à laquelle ils appartiennent naturellement. Au lieu d’élargir l’éventail de ce que signifie « être un homme », la société s’est tournée vers une définition des femmes et des « femmes trans » en tant que « non-hommes », tentant ainsi de créer un terme générique pour y ranger tous les humains qui sont considérés comme inférieurs aux êtres humains par défaut — des êtres humains à part entière — les hommes.
En patriarcat, les stéréotypes de la masculinité et de la féminité [les rôles sociaux imposés aux individus en fonctions de leur sexe (NdT)], ainsi que la hiérarchie entre eux, sont considérés comme « innés ». Si un comportement est inné, un homme n’aura pas mauvaise conscience pour l’avoir perpétré ; de même, le préjudice et la misère de la victime qui en résultent — ainsi que le bénéfice pour l’oppresseur — seront juste l’ordre naturel des choses. Les hommes se sont servis de ces rationalisations fallacieuses pour rester sourds au sort des femmes pendant des milliers d’années, et ils ont puni tous ceux qui ont menacé le statu quo — y compris les hommes qui brisent le code de la masculinité et enfilent volontairement « l’uniforme des opprimées ».
Mais si le fait de porter des robes et du maquillage, d’être soumise, douce, nourricière et émotionnelle ne sont pas des qualités intrinsèquement féminines, il faut alors considérer que la position de soumission et l’infériorité sociale des femmes ne sont pas naturelles.
Historiquement, les hommes ont infligé des violences aux hommes féminins afin de résoudre cette dissonance cognitive. « Soit vous devenez un homme, vous coupez vos longs cheveux et vous enfilez un costume gris, soit on vous traitera comme des femmes. »
Qu’être « traité comme une femme » signifie que des hommes vous infligeront des violences physiques et des agressions sexuelles ou des discriminations économiques et sociales, ainsi que des interventions médicales contraires à l’éthique, ce sont des préjudices avec lesquels quantité de femmes sont familières.
L’activisme pour les les droits des trans a heureusement permis de sensibiliser à cette dynamique abusive, mais il n’a pas donné [ni cherché à donner (NdT)] aux hommes féminins la liberté d’être qui ils sont vraiment. Au lieu de cela, les hommes qui s’identifient comme trans ont maintenant la possibilité de policer les femmes à l’intérieur de leur classe de sexe, ce qui est une nouvelle façon particulièrement intrusive de maintenir la suprématie masculine sur les femmes.
Les hommes transidentifiés dits « femmes trans » sont considérées comme dignes de compassion et d’admiration pour avoir fait le choix de s’identifier au sexe (féminin) maltraité[1], tandis que les femmes et les femmes transidentifiées (qui ont soi-disant acquis le privilège masculin lorsqu’elles se sont identifiées à la classe sexuelle masculine) sont censées renoncer à leurs espaces et à leurs ressources afin d’accueillir les « femmes trans » loin des autres hommes.
Ce phénomène ne reflète que trop l’inégalité existante entre les sexes. En permettant aux désirs des hommes transidentifiés de dominer le discours à la fois sur les droits des trans et sur les droits des femmes, les besoins des femmes ont été supplantés par les désirs des hommes. La situation sera justifiée par un récit qui présente cette catégorie spéciale d’hommes comme « la minorité la plus opprimée de l’histoire », quand bien même les femmes ont toujours et font toujours les frais de la discrimination sexuelle et de la violence masculine.
Malgré, ou peut-être, à cause de cela, les hommes transidentifiés dits « femmes trans » sont largement considérés comme des intrus indésirables dans les espaces réservés aux femmes. Parce qu’ils n’ont pas des corps de femmes et parce qu’ils sont socialisés comme des hommes, ils conservent l’agressivité et l’entitrement masculin[2] qui font que de nombreuses femmes ne se sentent pas en sécurité. Ils sont donc à nouveau exclus, mais cette fois, la base de leur exclusion est la biologie et les faits matériels de la vie, et non le rejet par leurs propres congénères masculins.
Pour occulter cette réalité, les transactivistes ont tenté de dissocier la biologie féminine des mots « femme » et « féminin ». La moitié masculine (male) de l’humanité est maintenant à la fois les « hommes » et les « femmes », tandis que la moitié féminine (female) de l’humanité est divisée en « menstruatrices », « porteuses d’utérus », « productrices d’ovules », « personnes allaitantes », « propriétaires de vulves », « corps gestants », et « personnes à vagin ». Ces « corps » morcelés n’existent pas sur un continuum temporel qui passerait par différentes étapes de la vie incluant la maturation, la fertilité, le vieillissement et les maladies sexospécifiques. Ils ne sont rien d’autre que des identités fragmentées que certaines « personnes » peuvent être amenées à occuper, manifestement par hasard.
[Sans compter la vision objectifiante du corps des femmes, typiquement masculine, qui conçoit les parties de corps comme des choses que l’on « possède », dont nous serions les « propriétaires » jalouses (nous leur en empêchons l’accès, nous ne voulons pas « partager ») et que l’on peut donc vendre, acquérir, acheter ou encore installer. Je fais référence à l’idéologie incel, qui prétend que les femmes « contrôlent » les « ressources sexuelles » (c’est-à-dire l’accès à leur propre corps) et privent ainsi les pauvres incels de toutes les relations sexuelles qui leur reviennent de droit, ainsi qu’à des autogynéphiles mentionnant sur Twitter qu’ils comptaient se faire « installer » un vagin. Les femmes ne sont pas propriétaire de leur utérus, leur utérus sont une partie intégrante d’elles-mêmes. On ne possède pas des seins, les seins sont une partie intégrante du corps. Nous sommes notre corps. Et nous ne sommes pas à posséder, ni à louer, ni à vendre. NdT]
« Les hommes trans sont des hommes ». Leurs corps comprennent un col de l’utérus, un utérus et des ovaires. Par conséquent, les hommes ont leurs règles, ils peuvent tomber enceints et ils traversent également la ménopause. Les hommes peuvent aussi avoir besoin d’avortements. Dire que les femmes sont des femelles humaines adultes relève de l’essentialisme biologique et est donc faux. La femme est simplement toute personne qui s’identifie comme une femme, et les « femmes trans » entrent définitivement dans cette catégorie. »
[Les transactivistes ne savent pas ce que signifie — ou feignent de ne pas le savoir — « essentialisme ». L’essentialisme implique de souscrire à une vision métaphysique du monde, qui sépare le monde matériel d’un monde d’essences, d’idées éternelles, de vérités immuables. C’est la définition des « essences ». Du platonisme au christianisme, de l’essence à « l’âme », et ainsi arriver à une « âme dans le mauvais corps ». L’essentialisme, c’est de définir fallacieusement quelque chose par des propriétés circonstancielles, culturelles ou métaphysiques. C’est définir une « femme » par « l’éternel féminin ». C’est définir une femme par la « féminité », les comportements stéréotypés, les vêtements, les postures : en somme, c’est définir un archétype, une essence. Et qui fait ceci ? L’idéologie du genre. L’identité de genre, c’est littéralement une essence. L’idéologie du genre est de l’essentialisme. NdT]
Le vol du mot « femme » aux femelles humaines, dans le but de le donner à certains mâles, a été rendu possible grâce aux hiérarchies sociales en place. Les femmes transidentifiées ne peuvent ni menacer les droits, la sécurité ou le statut social des hommes ni forcer les hommes à les accepter comme de « vrais hommes ». L’impact négatif de l’auto-identification du genre (du « rôle socio-sexuel ») sur les privilèges masculins, tels que la primogéniture, a même fait l’objet d’une législation dans la loi de 2004 sur la reconnaissance du genre, afin qu’une fille aînée ne puisse pas s’identifier comme un homme et prendre un héritage et des titres de ses frères et sœurs masculins[3]. (GRA, 2004)
Aucune disposition de ce type n’a été prise pour les femmes. Au lieu de cela, le langage, les espaces et les services sexospécifiques dédiés aux femmes font portes ouvertes pour que tout homme puisse s’y identifier et les utiliser comme bon lui semble.
Implications féministes
En 2015, le gouvernement britannique a organisé une première enquête sur l’égalité des trans (Trans Equality Enquiry), en vue de modifier la loi sur la reconnaissance du genre pour permettre l’auto-identification du genre [et ainsi remplacer le sexe réel par la notion subjective, invérifiable et indéfinissable d’identité de genre (NdT]].
De nombreux groupes de femmes s’y sont opposés, et les professionnels qui travaillent avec des délinquants sexuels ont tiré la sonnette d’alarme.
Par exemple, la British Psychological Society a déclaré que les psychologues qui travaillent avec des patients en médecine légale sont conscients qu’il existe un certain nombre de cas dans lesquels des hommes délinquants sexuels se sont sciemment fait passer pour des « femmes transgenres » lorsqu’il n’en était rien. Ils ont agi ainsi a) pour démontrer qu’ils ne représentent pas une sérieuse menace à la société et obtenir ainsi une libération conditionnelle ; b) pour expliquer leur délinquance sexuelle autrement que par leurs motivations sexuelles (par exemple, vouloir « examiner » les jeunes filles [parce qu’ils n’ont pas eu une enfance « en tant que fille (NdT)]) ; c) ou pour séparer leur moi délinquant sexuel (homme) de leur moi futur (femme) ; d) dans de rares cas, les psychologues ont jugé que l’homme en question cherchait à accéder plus facilement aux femmes et aux jeunes enfants en se présentant sous une apparence féminine ».
Les psychologues ont déclaré qu’au lieu de réduire les risques de délinquance sexuelle, ces stratégies peuvent au contraire les augmenter, et ont qualifié de « fausse » la croyance selon laquelle les hommes qui prennent des œstrogènes et des suppresseurs d’androgènes réduisent leur risque de délinquance. Par conséquent, tout en recommandant au gouvernement d’apporter une aide appropriée aux prisonniers transidentifiés, elles l’ont exhorté à être « extrêmement prudent avec la création de lois et de politiques qui risquent de donner une plus grande marge de manœuvre pour commettre des infractions à certains des [hommes] les plus dangereux de la société. » (Richards, 2015)
Ce constat a été repris par la British Association of Gender Identity Specialists (BAGIS) (« Association britannique des spécialistes de l’identité de genre ») qui a déclaré assister « à la vague toujours croissante de renvois de patients en prison purgeant des peines longues ou indéterminées pour des crimes sexuels graves[4]. Ceux-ci dépassent largement le nombre de prisonniers incarcérés pour des délits plus ordinaires, non sexuels ».
Elles ont qualifié de « naïve » cette supposition qui voudrait qu’aucun homme incarcéré n’irait revendiquer le statut de transgenre à moins d’être réellement transgenre, et ont ajouté que les raisons d’une telle (fausse) revendication allaient de la volonté de bénéficier d’un traitement de faveur, de sortir de prison et d’être transféré dans un établissement pour femmes (parfois le même que leur victime), la recherche d’un traitement plus clément lors d’une audience de libération conditionnelle parce que « la commission de libération conditionnelle percevra une personne de “sexe féminin” [par fiction juridique] comme étant moins dangereuse, imaginant que le traitement hormonal la rendra effectivement moins dangereuse ». Elles ont également averti que les informations des services de renseignements pénitentiaires indiquaient que les motivations des délinquants et criminels hommes revendiquant un statut transgenre pourraient inclure un désir de faciliter leurs futurs délits et crimes sexuels, car les femmes sont généralement perçues comme étant à faible risque à cet égard. (Barrett, 2015)
En cherchant à comprendre comment les hommes les plus dangereux ont été autorisés à s’auto-identifier comme des femmes et à avoir accès à des installations réservées aux femmes, on a découvert que les organisations transactivistes ont envisagé (à raison) que si l’auto-identification du genre était permise dans le plus extrême et le plus risqué des scénarii [la prison], alors l’implémentation de cette pratique dans d’autres contextes n’en serait rendue que plus facile.
Comme l’explique James Morton, le directeur de Scottish Trans Alliance : « Une autre de nos priorités majeures était de faire pression pour que les services publics respectent toujours l’identité de genre des personnes trans, même si elles n’ont pas changé tous leurs documents officiels ou été prises en charge dans une clinique d’identité de genre du NHS. Notre stratégie était qu’en travaillant intensivement avec le Scottish Prison Service dans le but d’inclure les femmes trans en tant que femmes sur la base de l’auto-déclaration dans des circonstances très difficiles de l’incarcération, alors nous pourrions ensuite faire en sorte que tous les autres services publics en fassent de même. »(Burns, 2018 ; FWS, 2021)
Le fil Twitter qui a inspiré cet essai a été écrit en 2018, alors que la plupart d’entre nous commençaient à peine à découvrir toutes les conséquences que le mantra « les transfemmes sont des femmes » avait sur la sécurité des femmes et des enfants. Depuis lors, nous avons appris qu’il est devenu obligatoire d’affirmer l’« identité de genre féminine » autoproclamée des hommes criminels, même si plus de la moitié des prisonniers transgenres en Angleterre et au Pays de Galles sont des délinquants et des criminels sexuels, et que la nature de leurs infractions suggère que la grande majorité sont des hommes (FPFW, 2017).
L’examen judiciaire lancé par une détenue violée par l’un de ces hommes a statué que la pratique consistant à placer ces hommes dans des prisons pour femmes était « légale » (WPUK, 2021), et maintenant, les femmes détenues qui formulent leurs inquiétudes à ce sujet, ou qui refusent de s’adresser à ces hommes en utilisant les pronoms et les accords grammaticaux féminins risquent d’être punies et même de voir leur peine prolongée (Inside Time, 2021).
Grâce à l’influence des transactivistes sur le Equal Treatment Bench Book (Chacko, 2021) (« Le guide pour un traitement équitable au tribunal »), des femmes agressées par des hommes transidentifiés ont déjà été contraintes de désigner leurs agresseurs masculins par « elle » au tribunal (Moss, 2018), tandis que des employé·es du tribunal des affaires familiales rapportent que les hommes qui déclarent une « identité de genre féminine » contournent les contrôles de protection en faisant effacer leur ancien nom et leur sexe originels des dossiers (la scapigliata, 2021).
Des politiques institutionnelles de même acabit ont permis aux hommes non seulement d’accéder aux services hospitaliers réservés aux femmes (Dixon, 2021), aux services d’aide aux victimes de viol (FWS, 2021), aux refuges contre la violence domestique (McDonald, 2022), aux toilettes, aux vestiaires (Hosie, 2018), aux catégories sportives (Aschwanden, 2019) et aux listes de sélection réservées aux femmes (BBC, 2018), mais il faut bien comprendre que ces politiques ont été implémentées en sachant que leur application pratique conduirait les femmes à s’auto-exclure de services essentiels qui leur sont destinés.
Rien de tout cela ne sert à accroître l’acceptation des hommes transidentifiés. Au contraire, le mantra « les femmes trans sont des femmes » a eu pour conséquence de multiplier les situations qui jettent un doute sur tous ces hommes. En outre, malgré leur prise de pouvoir politique temporaire, ce mantra n’a fait que renforcer l’impression collective de la société sur la teneur [sexuelle] de leurs véritables motivations.
Plus largement, et par leur nature même, les idéologies qui affirment la suprématie du choix individuel dans une société inégalitaire et inéquitable ne font bien souvent que justifier et légitimer leurs effets terribles sur les personnes les plus vulnérables. Elles ignorent la réalité du fait que certains groupes démographiques détiennent le pouvoir sur d’autres groupes, et que celles qui sont réellement opprimées ne peuvent jamais s’identifier hors de leur oppression ni disposer du niveau de liberté nécessaire pour avoir de véritables choix. Dans les exemples de graves préjudices rendus légitimes par les idéologies du « choix individuel » figurent la pornographie, la prostitution, la maternité commerciale de substitution [l’achat d’enfant] et le travail forcé.
Désireux de changer les lois pour se trouver à « l’avant-garde du droit », les partis politiques britanniques autorisent les candidats à s’auto-identifier en tant que femmes, en tant que handicapés ou en tant que minorités ethniques, tout en nous faisant croire qu’en supprimant toutes les catégories sociales significatives [et jusqu’ici protégées par la loi], ils inaugurent une ère libre de toute discrimination.
Alors pourquoi les hommes blancs valides sont-ils toujours, en grande majorité, aux commandes ?
Pourquoi les conseils des collectivités territoriales peignent-ils des arcs-en-ciel et des drapeaux trans sur les passages piéton·nes, malgré les nombreuses plaintes enregistrées concernant les perturbations des chiens d’aveugles et des chevaux de la police qui en ont peur, ainsi que des personnes souffrant de troubles du traitement sensoriel ? (Gant, 2021)
Pourquoi les femmes — qui sont toujours exploitées, violées et assassinées par des hommes à un rythme soutenu et jamais diminué — sont-elles toujours dépeintes comme les méchantes lorsqu’elles disent « non » aux « femmes trans » dans les espaces réservés aux femmes ? Surtout lorsque les statistiques montrent que ces hommes transidentifiés sont plus susceptibles d’être des auteurs que des victimes d’homicide (Trans Crime UK, 2017 – updaté chaque année) ?
Au lieu d’être un mouvement du peuple pour la justice et la libération, je crains que la pratique de l’auto-identification du genre, qui inclut le mantra « les femmes trans sont des femmes », ne serve qu’à perpétuer une dynamique sexiste abusive.
Dans les essais suivants, j’explore en profondeur la manière dont notre société a été à ce point mise sous emprise de cette idéologie.
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[1] NdT : sans compter que nombre d’hommes transidentifiés ressentent de l’excitation sexuelle dans le fait d’être non seulement « traité » comme une femme, mais surtout dans le fait d’être « maltraité » comme une femme. Le non-dit de la transidentité masculine concerne une condition mentale classée dans le DSM-5 comme trouble de l’« inversion de l’identité de la cible érotique » qui comprend : le trouble de travestissement et l’autogynéphilie. La différence ne porte que sur l’intensité du trouble : pour certains, porter des vêtements de femmes de temps en temps est satisfaisant tandis que d’autres voudront s’habiller « en femme » tout le temps, et d’autres encore, acquérir les fonctions biologiques des femmes, expérimenter les menstruations, l’allaitement et la grossesse. L’autogynéphilie se déclare généralement autour de la puberté. Les conditions mentales regroupées sous les troubles de l’inversion de la cible érotique sont des paraphilies : c’est-à-dire qu’elles sont motivées par l’excitation sexuelle, vague ou intense. L’illustration extrême de l’autogynéphilie se rencontre dans la « sissyfication » ou la « féminisation forcée » qui a sa propre catégorie pornographique sur les grandes plateformes du net. Son illustration la plus abjecte est l’auto-pédophilie ou le phénomène des adultes-bébés amateurs de couches, au croisement de l’autogynéphilie, de la pédophilie et de la scatologie, en passant par les furries, les hommes excités à l’idée d’être des créatures anthropomorphes. Les auto-pédo-furries existent et ont leurs propres niches d’échanges et d’écriture de rôle-play et de fiction sur le net général et dans les mondes virtuels persistants.
[2] NdT : la tendance qu’ont de nombreux hommes à se comporter comme si les femmes leur devaient de la déférence, des sourires, de l’attention, leur temps et leur disponibilité, doublé d’un sentiment d’auto-importance et de prévalence sur tout ce que pourraient bien dire ou penser, pire encore, nécessiter les femmes parce qu’elles sont des femmes. L’entitrement masculin, c’est prendre et traiter systématiquement les femmes comme leurs mères ou leurs assistantes naturelles.
[3] Le patriarcat s'assure toujours de bien savoir ce qu'est un héritier mâle, même s'il se dit femme. Cf. l’histoire en mai 2022 du troisième Baron Simon of Wythenshaweest, lequel, ayant transitionné en tant que femme, n'avait pas le droit d'hériter du siège de son père, le second Baron, à la chambre des Lords. Sa sœur ainée pouvait donc naturellement hériter du titre. Qu’à cela ne tienne, cet homme est redevenu légalement un homme le temps d’hériter de son titre et afficher son privilège au nez de sa grande sœur, laquelle, en tant que femme, était seconde en ligne après un homme, même s’il s’agit de son cadet.
[4] NdT : en France, les délits sexuels concernent des agressions sexuelles se référant à une « atteinte sexuelle commise avec violence, contrainte ou surprise » (art. 222-22 du Code pénal), telle que l’exhibition sexuelle, le détournement de mineur, le proxénétisme et le harcèlement sexuel. Oui, il est aberrant que le proxénétisme ne soit pas considéré comme un crime. C’est parce que nous vivons dans une société d’hommes qui sert les intérêts et les désirs des hommes avant de protéger les femmes. Les crimes sexuels réfèrent aux agressions considérées comme plus graves, telle que le viol (quand bien même le proxénétisme vend du viol) et la pédophilie.