DÉCLARATION DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE D’ATHLÉTISME CONCERNANT LES « ATHLÈTES TRANSGENRES » ET DSD
Par Nicolas CASAUX
Je n’apprécie pas plus que ça l’industrie du sport, le sport professionnel, la compétition sportive marchande qu’organise le capitalisme. Comme tout le reste, ça devrait être démantelé. Mais puisqu’aucun média francophone, à ma connaissance, n’a été fichu de rapporter correctement la récente annonce (pourtant disponible en ligne et pas si compliquée) faite par la fédération internationale d’athlétisme au sujet des hommes qui se disent femmes (des « femmes trans »), je me suis dit qu'il serait bon de traduire entièrement le communiqué officiel, qui n'est vraiment pas long, de World Athletics (la fédération internationale d’athlétisme, chargée de régir les fédérations nationales d'athlétisme et d'organiser les compétitions mondiales).
Les médias francophones ont à peu près tous titré leur article sur le sujet à la manière de Libération : « Athlétisme : les personnes transgenres seront bannies des compétitions féminines. » Les génies de Libération sont même allés jusqu’à écrire que « le conseil (de World Athletics) a décidé d’exclure des compétitions féminines internationales les athlètes transgenres hommes et femmes qui ont connu une puberté masculine ». A priori, c’est uniquement les athlètes qui se disent « femmes trans » (les hommes qui se disent femmes) que la fédération n’autorise pas — pour l’instant — à participer aux épreuves réservées aux femmes. Il semble que des journalistes français ont traduit « male-to-female transgender » par « hommes et femmes transgenres », et que tous les autres se sont contentés de copier/coller. Autrement dit, tout ce qu’a fait la fédération, c’est dire que les hommes devront concourir avec les hommes (et encore, en maintenant une possibilité pour certains hommes de concourir avec les femmes). Ce qu’il en est pour les athlètes « hommes trans » (les femmes qui se disent hommes) n’est pas précisé dans le communiqué de la fédération. Que voici : https://www.worldathletics.org/news/press-releases/council-meeting-march-2023-russia-belarus-female-eligibility
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« Le Conseil [de World Athletics] a décidé de mettre à jour les règles d'admissibilité des athlètes transgenres et DSD [DSD = “désordres” ou “différences” du développement sexuel, une catégorie qui comprend les personnes dites “intersexes” ou “intersexuées”] dans la catégorie réservée aux femmes.
Pour les athlètes DSD, les nouveaux règlements exigeront que tout athlète concerné réduise son taux de testostérone en dessous d'une limite de 2,5 nmol/L pendant au moins 24 mois pour concourir au niveau international dans la catégorie réservée aux femmes dans n'importe quelle épreuve, et pas seulement dans les épreuves qui étaient restreintes (400m à 1300m) en vertu des règlements précédents.
Le principe des épreuves restreintes a été supprimé du règlement.
Des dispositions provisoires seront introduites pour les athlètes concernés qui concourent déjà dans ce qui correspondait aux épreuves non restreintes (distances inférieures à 400 m et supérieures à 1300m, plus les épreuves de fond). Ces dispositions comprennent l'obligation de maintenir leur taux de testostérone en dessous de 2,5nmol/L pendant au moins six mois, avant de pouvoir reprendre la compétition.
Cette période de six mois est conforme à la réglementation précédente, qui exigeait six mois de suppression de la testostérone (en dessous de 5nmol/L) pour que les athlètes DSD puissent concourir dans les épreuves restreintes. Les dispositions provisoires ne s'appliquent pas aux épreuves précédemment restreintes (400 m à 1300m), pour lesquelles deux ans de suppression de la testostérone seront nécessaires avant que l'athlète concerné ne soit autorisé à concourir.
Ces règlements entreront en vigueur le 31 mars 2023.
En ce qui concerne les athlètes transgenres, le Conseil a décidé d'exclure les athlètes transgenres hommes-vers-femmes [les “femmes trans”] ayant connu une puberté masculine des compétitions réservées aux femmes comptant pour le classement mondial à partir du 31 mars 2023.
World Athletics a mené une période de consultation avec diverses parties prenantes au cours des deux premiers mois de cette année, notamment les fédérations membres, l'Académie des entraîneurs et la Commission des athlètes de Global Athletics, le CIO ainsi que des groupes représentatifs des personnes transgenres et des droits humains.
Il est apparu que l'option qui avait d'abord été présentée aux parties prenantes, qui exigeait que les athlètes transgenres maintiennent leur taux de testostérone en dessous de 2,5nmol/L pendant 24 mois pour pouvoir participer à des compétitions internationales dans la catégorie réservée aux femmes, ne bénéficiait que d'un faible plébiscite au sein du sport.
En ce qui concerne la réglementation sur les DSD, World Athletics dispose de plus de dix ans de recherches et de preuves des avantages physiques dont ces athlètes disposent vis-à-vis de la catégorie des femmes.
Cependant, il n'y a actuellement aucun athlète transgenre qui participe à des compétitions internationales d'athlétisme et, par conséquent, aucune preuve spécifique à l'athlétisme de l'impact que ces athlètes auraient sur l'équité des compétitions réservées aux femmes en athlétisme.
Dans ces circonstances, le Conseil a décidé de donner la priorité à l'équité et à l'intégrité de la compétition féminine avant l'inclusion. [L'inclusion de n'importe qui, n'importe où, n'importe comment, mais surtout des hommes là où ils exigent d'être inclus, constituant un des crédos du capitalisme actuel.]
Toutefois, le Conseil a accepté de créer un groupe de travail pour une période de 12 mois afin d'examiner plus avant la question de l'inclusion des personnes transgenres.
Ce groupe de travail comprendra un président indépendant, jusqu'à trois membres du Conseil, deux athlètes de la Commission des athlètes, un athlète transgenre, trois représentants des fédérations membres et des représentants du département santé et science de World Athletics.
Il aura pour mission de consulter spécifiquement les athlètes transgenres pour connaître leur point de vue sur la pratique de l'athlétisme, d'examiner et/ou de commander des recherches supplémentaires lorsque les recherches sont actuellement limitées et de présenter des recommandations au Conseil. [Et consulter les femmes athlètes pour savoir ce qu’elles en pensent, on s’en cogne, c’est ça ?]
Le président de World Athletics, Sebastian Coe, a déclaré : “Les décisions sont toujours difficiles à prendre lorsqu'elles impliquent des besoins et des droits contradictoires entre différents groupes, mais nous continuons à penser que nous devons maintenir l'équité pour les femmes athlètes avant toute autre considération. Nous serons guidés en cela par les données scientifiques relatives à la performance physique et à l'avantage masculin, qui se développeront inévitablement au cours des prochaines années. Au fur et à mesure que nous disposerons de plus d'éléments, nous reverrons notre position, mais nous pensons que l'intégrité de la catégorie réservée aux femmes dans l'athlétisme est primordiale”. »