Injustice : L’ancien entraîneur principal canadien aux JO dénonce les résultats de 2016 et réclame la ségrégation sexuelle dans le sport
Les trois médailles de la division féminine ont été remportées par des hommes
Par Yuliah Alma, le 7 avril 2023 sur Reduxx
Traduction commentée :
L’ancien entraîneur principal d’Athlétisme Canada a révélé qu’il avait été menacé par les avocats du Comité olympique canadien après avoir exprimé son mécontentement à l’égard des résultats du 800 m féminin aux Jeux olympiques de 2016. La compétition a vu trois hommes (biologiques) occuper les premières places, reléguant la compétitrice canadienne féminine à la quatrième place [et les autres femmes aux cinquième et sixième places au lieu d’être montées sur le podium].
Peter Eriksson, l’ancien entraîneur principal du programme olympique et paralympique canadien, a parlé à Reduxx de ce qui s’est passé lors de la session de 2016 à Rio, et des conséquences auxquelles il s’exposait s’il s’exprimait au nom de l’athlète canadienne Melissa Bishop. Bishop a été classée quatrième après que les trois hommes ont concouru dans la division féminine.
Dans la course féminine du 800 m [le Sud-africain] Caster Semenya a remporté l’or, [le Burundais] Francine Niyonsaba l’argent et [le Kényan] Margaret Nyairera Wambui le bronze. Ces trois athlètes présentent des différences [troubles] de développement sexuel (DSD) et, bien qu’[ils] soient reconnus comme des « femmes » sur le plan juridique, [ils] possèdent des chromosomes XY et sont biologiquement des hommes.
Semenya, en particulier, a fait l’objet de nombreuses controverses depuis 2009, date à laquelle il a commencé à participer dans le sport d’élite féminin. L’amélioration rapide des performances de Semenya a d’abord levé des soupçons de dopage, et la World Athletics (alors appelé IAAF) a été dénoncée au niveau international pour avoir demandé à Semenya de passer un test afin de déterminer son sexe biologique. [Ben voyons, c’est cela qui suscite l’outrage, et non pas le fait qu’un homme triche. Je me souviens, à l’époque, tous les médias le défendaient et lui prêtaient de nombreuses excuses, dont certaines, prétextant la naïveté et le « primitivisme », étaient racistes et classistes : « il a été élevé dans un village pauvre et reculé où l’on ne sait pas ce que sont les DSD et on l’a éduqué comme une fille ».]
La plupart des femmes, y compris les athlètes féminines de haut niveau, ont un taux naturel de testostérone compris entre 0,12 et 1,79 nanomole par litre (nmol/L), mais Semenya a des gonades mâles produisant un taux de testostérone normal pour un homme. En 2011, Semenya a été mesuré avec des taux de 15,6 et 29,3 nmol/L. Des années plus tard, une décision du Tribunal arbitral du sport a révélé que Semenya est atteint d’une anomalie génétique dans laquelle le développement sexuel normal de l’homme échoue in utero, ce qui se traduit par des organes génitaux externes qui semblent être un vagin à la naissance, mais qui sont en fait un pénis sous-développé. [Ces hommes traversent ensuite une puberté masculine normale, conférant toutes les différences physiques et métaboliques liées au sexe masculin.]
Les athlètes atteints d’un DSD similaire à celui de Semenya étaient autrefois activement recherchés par les entraîneurs nationaux en raison de leur énorme avantage « naturel ».
S’adressant à Reduxx, l’ancien entraîneur principal d’Athlétisme Canada, Peter Eriksson, a déclaré qu’il avait été scandalisé par les résultats du 800 m féminin de 2016 et qu’il avait voulu dénoncer l’injustice au nom de Melissa Bishop, la coureuse canadienne qui aurait dû arriver en première position si les trois athlètes masculins n’étaient pas intervenus.
Peter Eriksson. Crédit photo : Athlétisme Canada.
« J’ai été le premier à voir Melissa après la course et que voulez-vous dire dans une situation pareille ? “Tu es la véritable championne de la course” ? On ne décerne pas de médaille dans ces cas-là », dit Eriksson. « Je voulais dénoncer une injustice aussi grande, mais j’ai reçu un appel de l’avocat du Comité olympique canadien qui m’a dit que si je l’ouvrais, je serais banni à vie du sport ».
Eriksson a expliqué qu’à l’époque, la World Athletics soutenait qu’il n’y avait pas assez de preuves de l’avantage que possédaient les athlètes DSD, mais qu’il n’y avait cependant aucune confusion sur le terrain quant à ce qu’étaient Semenya et les autres. [C’est-à dire des hommes.]
« Tout le monde savait que Caster Semenya, par exemple, était un homme. Tout le monde était au courant, mais je pense que la World Athletics ne voulait rien faire », déclare Eriksson. « C’est aujourd’hui bien documenté dans les dossiers judiciaires. [Il] a un taux de testostérone très élevé et est XY. Quelques années plus tôt, [il] avait essayé de faire baisser sa testostérone, mais ses résultats étaient devenus médiocres et [il] avait donc arrêté. » [Évidemment !]
Eriksson a été embauché au poste d’entraîneur principal d’Athlétisme Canada en 2013 et, au cours de son mandat, il est entré dans l’histoire en conduisant le Canada à un nombre record de médailles lors d’événements majeurs. Il s’est également imposé comme l’entraîneur principal le plus médaillé de l’histoire de l’athlétisme canadien.
Mais le contrat d’Eriksson a été annulé quelques mois seulement après les Jeux olympiques de Rio, alors qu’il avait mené l’équipe canadienne au plus grand nombre de médailles en athlétisme depuis 1932. Eriksson a dit qu’on ne lui avait jamais donné de raison, mais Athlétisme Canada a déclaré que la décision était due à des « changements dans sa structure de haute performance ».
Aujourd’hui à la retraite, Eriksson raconte que la défaire de Bishop a eu un impact considérable sur sa vie, tant sur le plan émotionnel que financier. Il était son entraîneur depuis toujours et était très malade pendant les Jeux olympiques de 2016. Malgré tout et aux prix de grands efforts, il était venu assister à la compétition la plus importante de sa vie. Bishop, quant à elle, a pris cette quatrième place comme un échec et cela l’a énormément affectée.
Eriksson raconte qu’il a été le premier à parler à Bishop après sa course et qu’elle était en larmes. Bien qu’elle ait été la véritable gagnante, elle n’a pas reçu la médaille d’or [ni argent ni bronze, puis que ce sont deux autres hommes qui les ont volées] et a perdu les gains considérables qui auraient pu suivre si elle était montrée sur le podium.
Eriksson a déclaré à Reduxx que Bishop aurait pu gagner « beaucoup d’argent » grâce à son contrat avec Nike si elle s’était classée parmi les trois premières, et qu’elle était une candidate de choix pour devenir une athlète phare de l’entreprise. Mais toutes ces opportunités ont été perdues sans médaille.
« À l’époque, Melissa avait 27 ans et c’est l’âge idéal pour être une athlète de haut niveau dans cette discipline et pour remporter une médaille, mais cette opportunité lui a été dérobée. Personne ne l’a dit et l’équipe canadienne n’a pas voulu s’exprimer », explique-t-il. « Melissa savait que sa vie s’était envolée avec toute cette histoire ».
Lynsey Sharp, une coureuse écossaise qui s’est classée sixième au 800 m, a été l’une des rares athlètes à s’exprimer publiquement sur les résultats [elle aurait dû recevoir la médaille de bronze]. Elle a été interviewée après la course et, en larmes, a expliqué qu’il avait été « difficile » de concourir contre Semenya et les autres athlètes hyperandrogènes [ils ne sont pas « hyperandrogènes », ils sont juste des hommes].
Lynsey Sharp s’adressant à BBC Sport après sa course de 800 m.
« Je ne pouvais pas suivre ce qui se passait à l’avant, et je le savais », a déclaré Sharp, essoufflée, à BBC Sport. « Nous [les athlètes féminines] savons ce que ressentent les autres, mais ce n’est pas de notre ressort… Je pense que le public le voit aussi… Tout ce que nous pouvons faire, c’est donner le meilleur de nous-mêmes ». [Ah, l’abnégation féminine en patriarquie.]
La réaction de Sharp a été critiquée par les transactivistes et par ceux qui l’ont accusée de « racisme ». Quelques jours après la course de 800 mètres, elle a twitté une déclaration visant à réfuter ces accusations et à régler la question. [Ce qui, avec les TRAs, est parfaitement inutile.]
« J’ai énormément de respect pour Caster… [elle n’a pas même le droit d’être en colère et de mépriser le tricheur]. J’ai eu le sentiment d’avoir donné une réponse honnête et diplomatique », a-t-elle déclaré. Bien qu’elle ait depuis supprimé son compte Twitter, les archives conservent le tweet ainsi que les commentaires haineux dans la section des réponses, dirigés contre ses « larmes blanches ». [C’est du DARVO, ils l’accusent de racisme pour détourner la légitimité de son propos.]
Selon Eriksson, Sharp a également reçu des menaces de mort et des menaces contre sa famille de la part de la communauté transgenre à la suite de son apparition télévisée.
Linda Blade, entraîneuse canadienne et ardente défenseuse des droits des athlètes féminines, a été la première à relancer l’intérêt pour les résultats du 800 m féminin de 2016 après avoir publié sur son Twitter des informations sur les menaces reçues par Eriksson.
Blade a ajouté son propre commentaire à l’affaire, en tweetant : « Les dirigeants de notre pays préfèrent se vendre à une secte plutôt que de défendre l’une de nos championnes - même au prix d’un GOODBYE à la médaille d’or olympique ! Sacrifier une femme et toute sa carrière sur l’autel de l’idéologie du genre. Réfléchissez-y ! »
Eriksson a déclaré à Reduxx que Melissa Bishop a vu le tweet de Blade et la réaction de sympathie écrasante qu’il a suscitée, et qu’elle en a été touchée.
« Quand elle a vu le tweet de Linda, elle en a été très émue et a appelé l’une des personnes membre de l’équipe. Elle était reconnaissante que les gens s’en souviennent et qu’elle se soit exprimée à ce sujet », explique Eriksson.
[L’attitude décente qu’il convient d’avoir face à une telle injustice devient, aux yeux des opprimées et victimes du système, un acte d’extrême générosité. Dans toutes autres situations, c’est ainsi que tous les hommes bénéficient du patriarcat : ceux qui se comportent avec un minimum de décence humaine sont vus par les femmes comme des hommes exceptionnels.]
Blade a demandé au Comité international olympique et à la World Athletics de rectifier les résultats des Jeux olympiques de 2016 pour Bishop, en demandant que l’or soit réattribué rétroactivement, comme c’est parfois le cas avec les affaires de dopage.
Eriksson est d’accord avec Blade et pense également que Bishop devrait recevoir sa médaille.
« Vous ne pouvez pas dire que vous êtes une femme et courir dans la division féminine [en étant un homme]. Ce n’est pas correct. Il n’y a pas d’équité là-dedans. De plus, la science nous dit la vérité », ajoute-t-il.
Face à la levée de boucliers, la World Athletics a récemment annoncé qu’elle interdirait aux athlètes transgenres ayant subi une « puberté masculine » de participer aux compétitions féminines de niveau mondial. [Ce n’est pas suffisant. Il faut créer une catégorie, comme pour le handisport. Cela reste injuste pour les femmes et les filles : combien seront écartées à cause des hommes au niveau départemental et régional ?] Lors d’une conférence de presse en mars, le président de la World Athletics, Sebastian Coe, a fait appel à des considérations scientifiques et à l’équité pour les athlètes féminines, déclarant que l’organisation et lui-même « croient que l’intégrité de la catégorie féminine dans l’athlétisme est primordiale ». [Manifestement, ils ne le croient pas assez fort.]
Mais pour les athlètes atteints de DSD, la World Athletics s’est contentée de limiter leur taux de testostérone à 2,5 nmol/L. Eriksson estime que c’est insuffisant.
« Si vous aviez ce taux de testostérone en étant une femme, vous seriez suspendue à vie », déclare-t-il, avant d’ajouter : « 99 % des femmes ont un taux de testostérone inférieur à 1 nmol/L. C’est de l’hypocrisie ».
Il estime toutefois que « le problème ne vient pas de la World Athletics, mais du Comité international olympique (CIO) », qui a une politique différente à l’égard des athlètes transgenres et des athlètes atteints de troubles du développement sexuel. [Parler de « différences » ou de « variations » est également hypocrite, les DSD sont des conditions médicales, qui nécessitent pour beaucoup un traitement médical et/ou hormonal à vie avec de lourdes conséquences sur la santé des personnes qui en sont atteintes. Certes, pas en ce qui concerne les mâles XY,46 5-ARD comme Semenya, mais ce n’en est pas moins un trouble du développement, et non une « variation » saine, comme la couleur des yeux et des cheveux peuvent l’être.] En décembre, le CIO a publié une mise à jour de ses directives concernant les [hommes] transgenres afin de répondre aux critiques formulées par les athlètes féminines après que son cadre initial ait été critiqué.
[Car évidemment, nous ne sommes pas prêtes de voir des femmes transidentifiées vouloir concourir dans les catégories hommes, et l’on se demande bien pourquoi.]
Le cadre initial du CIO, publié en novembre 2021, était axé sur la « non-discrimination » et soutenait que les athlètes masculins ne devraient pas être obligés de réduire leur taux de testostérone pour pouvoir participer à des compétitions féminines. [Incroyable.]
M. Eriksson estime que les sports devraient être entièrement séparés par sexe et fait remarquer que les avantages de la puberté masculine, qui ont un effet sur les os, les poumons, les muscles et la force générale, ne peuvent pas être générés par une femme.
« Personne ne dit que les athlètes transgenres ou atteints de DSD ne devraient pas pouvoir participer à des compétitions sportives. Bien sûr qu’ils devraient pouvoir le faire. Mais ils doivent concourir dans la catégorie de leur sexe. Pas en fonction de ce qu’ils pensent être », précise Eriksson.
« Ils peuvent soit avoir leur propre catégorie, comme dans le sport paralympique, ou s’inscrire dans la catégorie du sexe avec lequel ils sont nés. Mais vous devez rester dans votre sexe biologique ».