Le sexe est binaire même s'il existe un arc-en-ciel de rôles sexuels [et encore]
Nier le sexe biologique est anthropocentrique et favorise le spécisme.
Je vous présente la traduction commentée d’un article universitaire rédigé par trois hommes moyennement vaillants, prenant la défense de la réalité et des vérités biologiques fondamentales, tout en faisant de larges concessions à l’idéologie délirante du sexe comme continuum. L’inverse leur aurait valu une complète annihilation professionnelle. Ils se contrefichent des conséquences réelles de cette idéologie sur la vie des femmes, eux ne voient qu’au travers du prisme de la recherche et de l’intégrité intellectuelle scientifique. Ce qui, ironiquement, les fait passer à côté d’évidences élémentaires au sujet des stratégies de reproduction sexuelles humaines.
Vous connaissez le principe : Thou shall not pass. Je ne laisse rien passer, et mes commentaires sont entre crochets, dans une fidèle métaphore de la condition des femmes en société viriarcale.
Pour les notes, référez vous à la publication originale.
Première publication : 21 décembre 2022 https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R
Par Wolfgang Goymann, Henrik Brumm, Peter M. Kappeler.
Une sèche aux couleurs arc-en-ciel.
Résumé
Les chercheurs en sciences biomédicales et sociales remettent de plus en plus en question le sexe biologique, allant jusqu’à soutenir que le sexe est un continuum plutôt qu'une caractéristique binaire. Les principales revues scientifiques ont adopté ce point de vue relativiste, s'opposant ainsi à des faits biologiques fondamentaux. Si nous soutenons pleinement les efforts visant à créer un environnement plus inclusif pour les personnes de genres différents, il n'est pas nécessaire pour cela de nier le sexe biologique. [Rappel : les genres sont des constructions sociales au carré, car à l’origine basées sur les rôles sociaux attribués dans notre culture en fonction des deux sexes.] Au contraire, le rejet du sexe biologique semble se fonder sur un manque de connaissance au sujet de l'évolution [tout comme le créationnisme] et se fait le champion du chauvinisme spéciste, dans la mesure où ses défenseurs imposent des notions d'identité [culturelle] humaine à des millions d'autres espèces. Nous soutenons que la définition biologique des sexes est primordiale pour reconnaître la diversité de la vie. Les humains, avec leur combinaison unique de sexe biologique et de « genre », sont à cet égard différents des non humains, plantes et animaux. Nier le concept de sexe biologique, pour quelque raison que ce soit, finit par freiner le progrès scientifique [notamment en matière de santé des femmes] et peut ouvrir les portes aux « vérités alternatives ». [Nous reviendrons sur ces deux affirmations.]
Introduction : les environnements sociaux inclusifs et les concepts biologiques établis
Dans de nombreuses sociétés humaines, on observe une acceptation grandissante de diverses « identités », ainsi qu'un soutien croissant aux principes d'équité, de diversité et d'inclusion. Dans le cadre du débat sur l'égalité des sexes, certains philosophes et théoriciens du « genre » ont nié la nature binaire du sexe biologique, préférant promouvoir l'idée que le sexe est, par exemple, une « variable multidimensionnelle dépendante du contexte »[1] ou une simple construction sociale[2][1]. Étonnamment, les principales revues scientifiques adoptent de plus en plus ce point de vue relativiste. Par exemple, en 2015, Nature a publié un article intitulé « Sex redefined » (« La redéfinition du sexe »), affirmant que le concept de deux sexes est trop simpliste et que le sexe est en fait un spectre gradué[3] (voir aussi[4]). Quelques années plus tard, un éditorial du même journal affirmait que « la communauté scientifique et médicale considère désormais que le sexe est plus complexe que l'homme et la femme » et que « l'idée que la science puisse tirer des conclusions définitives sur le sexe ou le genre d'une personne est fondamentalement erronée »[5]. Récemment, une lettre publiée dans Science affirmait que le sexe biologique est « une somme de caractéristiques contextuelles dépendantes d'un espace variable multidimensionnel » [LOL*], et que les termes homme et femme « devraient être traités comme des catégories dépendantes du contexte, avec des associations flexibles à de multiples variables »[6]. De telles déclarations dans des revues scientifiques de haut niveau sont des plus stupéfiantes, car elles ignorent ou même rejettent le concept biologique bien établi du sexe et, par conséquent, elles nient en fin de compte les principes fondamentaux de la biologie.
[*Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. L'orientation et le comportement sexuel sont biologiquement déterminés, et les diverses manifestations de cette orientation et des comportements sexuels sont influencées par l’environnement culturel et familial. Voici maintenant la traduction concrète de leur formulation pseudoscientifique : « Les caractéristiques biologiques du sexe et de l’orientation sexuelle sont entièrement dépendantes de l’environnement social et familial d’une personne, et son ADN et son développement physique vont ainsi subir des transformations radicales au cours de sa vie ». En somme, l’être humain est un change-forme. Arrêtez les RPG et les jeux de rôles dans les mondes virtuels persistants, les gars, vous voyez la vie comme la barre de stats de vos avatars.]
Pourtant, cette tentative de redéfinition du sexe par les revues scientifiques influentes était à l’origine censée servir une cause louable : elles souhaitent promouvoir un environnement plus inclusif pour les personnes de « genre différent » dans le monde universitaire et au-delà. Cependant, il n'est pas nécessaire de nier le concept biologique de sexe pour défendre les droits des personnes de « genre différent », car le sexe biologique et le « genre » sont deux questions totalement distinctes[7, 8].
[Nous mettons entre guillemets les notions métaphysiques de « genre » et « d’identité de genre » qui sont des constructions sociales signifiantes (bien qu’absurdes) seulement dans notre culture. Le qualificatif exact est « rôle social attribué en fonction du sexe ». Vous retrouverez des rôles sociaux dans toutes les cultures humaines existantes ou ayant existé, en revanche vous ne trouverez des « identités de genre », ces signes astro-sexuels de licornes à paillettes, que dans les cultures viriarcales industrielles].
L'essentiel du problème semble être que les définitions de sexe et de « genre », ainsi que les relations qu’elles entretiennent, sont généralement ignorées et non évaluées, ce qui favorise la diffusion de notions fallacieuses parmi les lecteurs des revues très influentes. Dans le domaine de la biomédecine en particulier, de nombreuses personnes ne savent tout simplement pas comment les biologistes évolutionnistes définissent le sexe. Un autre groupe d'universitaires est parfaitement conscient de ce qu'est le sexe, mais le rend flou en raison d'une volonté politique de traiter tout le monde de manière équitable. Cette position semble être motivée par un sophisme naturaliste (l'erreur d'un jugement moral basé sur des propriétés naturelles), ou par un argument d'appel à la nature (soutenir que quelque chose est bon parce que c'est naturel), négligeant ainsi le fait que « être naturel » n'est pas pertinent pour l'éthique.
[Il est ici question de ceux qui essaient de redéfinir le sexe comme un spectre, comme s’il existait des gamètes intermédiaires, et prétendent ainsi que le sexe serait naturellement un continuum. Ce qui n’est tout simplement pas le cas.]
Si ces idées erronées sont répandues par les scientifiques, elles peuvent conduire directement au rejet de la science en général, ce qui sera très dommageable pour les progrès sociaux. [C’est très discutable, étant donné que la science et le « progrès » tel que l’entend la culture capitaliste est en général dommageable pour les humains et le monde naturel.] Notre objectif principal ici est d'attirer l'attention sur les dangers des revues scientifiques qui ignorent les faits scientifiques, et de clarifier le concept de sexe (biologique).
Le sexe biologique est une variable binaire
[Sexe biologique est un pléonasme.]
Le sexe est défini comme une variable binaire chez toutes les espèces animales et végétales qui se reproduisent sexuellement. À quelques exceptions près, tous les organismes qui se reproduisant sexuellement génèrent exactement deux types de gamètes distingués par leur différence de taille : les femelles, par définition, produisent de gros gamètes (œufs) et les mâles, par définition, produisent des gamètes petits et généralement motiles (spermatozoïdes) [9-12]. Cette dichotomie distincte dans la taille des gamètes femelles et mâles est appelée « anisogamie » et renvoie à un principe fondamental de la biologie (figure 1).
Les détails se trouvent dans la légende qui suit l'image.
Figure 1. Le sexe biologique reflète deux stratégies évolutives distinctes pour produire une descendance : la stratégie de la femelle consiste à produire peu de gamètes de grande taille et celle du mâle à produire de nombreux gamètes de petite taille (et souvent motiles). Cette définition fondamentale est valable pour tous les organismes qui se reproduisent de manière sexuée. Les génotypes ou phénotypes associés au sexe (y compris les chromosomes sexuels, les caractéristiques sexuelles primaires et secondaires et les hormones sexuelles), les rôles sexuels et la différenciation sexuelle sont des conséquences du sexe. Les caractéristiques génotypiques et phénotypiques, ainsi que les rôles sexuels, sont souvent utilisées comme critères opérationnels pour définir le sexe, mais comme ces traits diffèrent considérablement entre les espèces sexuellement reproductives, ils ne sont valables que pour les espèces sélectionnées.
[C’est-à-dire que cela est valable pour telle espèce donnée faisant l’objet d’observations en cours, et ce qui sera observé chez telle espèce ne sera pas forcément applicable à une autre. Ex. : les rattes soulèvent l’arrière-train lorsqu’elles sont en chaleur, et les rats les montent. Les fœtus de rats mâles qui ont été œstrogènisés à un certain moment de leur développement fœtal (vers la fin) par des scientifiques sadiques ne manifesteront pas le comportement sexuel de « monter » les femelles. Les femelles humaines ne lèvent pas le cul quand elles sont en ovulation ; elles ont créé les cultures humaines autour de l’accouplement (hiérogamies) avant que celles-ci soient mâles-adaptées par les hommes. Les femmes ne sont pas des rattes. Il est fort possible que les fœtus mâles humains ayant subis des contre-mesures lancées par l’ADN mitochondrial de la mère lors même que le sexe du fœtus avait déjà été déterminé et/ou ayant subis d’autres accidents de développement sexuel fœtal, manifestent à la puberté des comportements sexuels divergents tels que les paraphilies. Un homme sexuellement excité à l’idée d’être une femme n’est pas un rat « oestrogénisé ». Voir Ray Blanchard et Michael Bailey au sujet des causes possibles des paraphilies masculines, ou ma série La rage narcissique autogynéphile dans les relations publiques.]
Sur le schéma, l’entrée des rôles sexuels montre des exemples d'animaux ayant des rôles sexuels différents. Chez les hippocampes, les femelles fécondent les mâles qui portent ensuite les petits dans une poche incubatrice [elles « envoient » leurs ovules dans le mâle]. Les poissons-clowns changent de sexe, passant de mâle à femelle [toujours pas de troisième sexe en vue], et la femelle domine le groupe ; chez les lémuriens à queue annelée, les femelles sont également dominantes. Chez le cerf élaphe, les mâles monopolisent plusieurs femelles et seules les femelles s'occupent des jeunes, tandis que chez le coucou noir, les femelles monopolisent plusieurs mâles et seuls les mâles s'occupent des jeunes.
La reproduction sexuelle trouve son origine évolutive dans la fusion de gamètes de même taille (isogamie). Selon les connaissances actuelles, le dimorphisme de taille entre les ovules et les spermatozoïdes (anisogamie) que nous observons aujourd'hui est dû à la compétition entre les cellules germinales pour la fécondation [9, 13-17].
[J’en ai parlé à de nombreuses reprises, il s’agit des « guerres cytoplasmiques », dans lesquelles la reproduction s’apparentait à un véritable champ de bataille. Les sexes auraient évolué pour contrer ces dommages excessifs, avec une partie des gamètes abandonnant tout le cytoplasme et les mitochondries, pour ne conserver que le noyau (ADN nucléique), ce sont les gamètes mâles, nombreux, petits, rapides et affamés puisque vidés de toute nourriture, et les gamètes qui conservèrent toutes les richesses, pleins de cytoplasmes, de mitochondries et lents : les femelles. J’ai fait par ailleurs remarquer que les humains patriarcaux étaient ironiquement revenus au point de départ en faisant du monde et de leur reproduction une guerre perpétuelle. Les hommes tuent les femmes dans les violences sexuelles à des niveaux astronomiques qui n’ont pas d’équivalent dans la nature].
En bref, à ressources égales, les organismes peuvent investir soit dans la taille des gamètes, soit dans leur nombre [à ressources égales ? Plaît-il ?]. Les grandes cellules germinales - ou ovules - apportent des ressources énergétiques, des organites cellulaires importants et du matériel génétique à la formation du zygote. En revanche, les petites cellules germinales - ou spermatozoïdes (pollen chez les plantes) - contribuent presque exclusivement au matériel génétique nécessaire à la formation du zygote [ne seraient-ils pas en train de glorifier le rôle dérisoire de leur petit Y par hasard ?]. Du point de vue de l'évolution, les mâles (le sexe qui produit les spermatozoïdes) sont des quasi-parasites qui exploitent avec succès les ressources fournies par les femelles. Pour tout ovocyte, il peut être avantageux de fusionner avec un autre ovocyte qui apporterait des ressources énergétiques supplémentaires et augmenterait ainsi la survie du zygote. Mais les spermatozoïdes, beaucoup plus petits, peuvent être produits en bien plus grand nombre et sont beaucoup plus motiles que les cellules plus grandes. Ils sont donc beaucoup plus susceptibles de rencontrer d'autres gamètes avec lesquels fusionner. Cela signifie que les types d'accouplement « mâles » qui produiraient des gamètes plus gros seraient perdants dans la compétition avec les types d'accouplement « mâles » qui produisent des spermatozoïdes plus petits et plus mobiles. En conséquence, deux types distincts de cellules germinales - les gros ovules et les petits spermatozoïdes - ont évolué et, par conséquent, les deux sexes biologiques.
[C’est drôle, car cet article interprète l’évolution des sexes en fonction de l’avantage mâle. Les femelles sont des « ressources » pour les petits spermatozoïdes faméliques et ces derniers sont en compétition pour les ressources. Un peu androcentré comme lecture, non ? Les grandes cellules ont leurs propres stratégies, et dans d’autres espèces, elles ont été bien plus rusées que nous. Certaines espèces (guêpes notamment) ont recours la plupart du temps à la parthénogenèse, et ne font apparaître des mâles que lorsque nécessaire, pour lutter contre un virus, par exemple. Les mâles ne sont ainsi que des outils de brassage génétique, et rien de plus. Ces espèces ne sont pas en train de proliférer sur Terre de manière cancéreuse, comme les cultures viriarcales humaines, et ont trouvé un moyen de réguler leur santé sans détruire leur environnement. JDCJDR.]
Le sexe biologique est une stratégie évolutive pour produire une descendance
Cette définition biologique des deux sexes n'est cependant pas basée sur une « masculinité » (maleness) ou une « féminité » (femaleness) essentielle des individus, mais fait simplement référence à deux stratégies évolutives distinctes que les organismes à reproduction sexuelle emploient pour produire une progéniture. La reproduction sexuelle ne nécessite cependant pas l'existence d'individus mâles et femelles distincts. Si, chez la majorité des animaux, les gamètes femelles et mâles sont produits par des individus différents, ils peuvent également être produits par le même individu, soit simultanément, soit à des moments différents. Par exemple, de nombreux coraux, vers, pieuvres, escargots et presque toutes les plantes à fleurs sont des hermaphrodites simultanés, combinant la production de gamètes et de fonctions mâles et femelles chez le même individu au même moment [mais toujours pas de troisième sexe en vue, hein]. De nombreuses espèces de poissons, en revanche, sont hermaphrodites séquentiels, c'est-à-dire qu'ils changent de sexe biologique au cours de leur vie. Les poissons-clowns (Nemo de Walt Disney), par exemple, commencent leur carrière reproductive en tant que mâles et seul le plus grand individu d'un groupe devient une femelle. Certains poissons-nettoyeurs, en revanche, sont initialement tous des femelles, puis les plus grands individus se transforment en mâles[18].
[Non, messieurs les transactivistes, vous n’êtes pas des poissons-clowns, vous n’êtes que des clowns.]
En réalité, si l'on considère l'ensemble de l'arbre de la vie, la reproduction est bien plus diversifiée que la stratégie humaine qui nous est familière[19, 20]. Par exemple, chez les organismes unicellulaires, la progéniture est produite par la division d'un individu, qui « renonce » ainsi à son existence. Cette forme de reproduction asexuée se retrouve chez tous les procaryotes, c'est-à-dire les archées et les bactéries, mais aussi chez certains eucaryotes unicellulaires, comme certaines amibes. Chez les organismes multicellulaires, les biologistes distinguent deux formes de reproduction asexuée. Dans la reproduction dite agamétrique, la progéniture est produite à partir des cellules du corps du parent, soit par fragmentation du parent entier (comme dans les coraux et les éponges), soit par bourgeonnement du corps parental (comme dans les méduses). Une autre possibilité est que les progénitrices produisent des œufs, mais que ceux-ci ne soient pas fécondés. Ces espèces dites parthénogénétiques sont donc composées uniquement de femelles et se retrouvent chez les rotifères et les tardigrades, mais aussi chez certains serpents et lézards. Un cas particulier de parthénogenèse s'est développé chez les espèces automictiques, comme l'abeille du Cap (Apis mellifera capensis), où les descendantes se développent à partir d'œufs non fécondés et diploïdes, et sont donc génétiquement distinctes de leur mère[21].
[Tu m’étonnes qu’il y ait eu une religion entière dédiée à la déesse abeille Mélissa, que cette religion ait été celle des Cyclades, improprement dite « Minoenne », avec une organisation sociale matriarcale, sans guerre et faisant place aux jeux et à l’art. Le viriarcat est un fléau.]
Chez certaines espèces, la reproduction sexuée et parthénogénétique peut même être alternée, dans la mesure où un cycle de reproduction sexuée suit plusieurs cycles de propagation asexuée (par exemple, chez certaines levures ou certains pucerons). Cette alternance entre reproduction sexuée et asexuée est assez fréquente, alors que la parthénogenèse exclusive est rare et concerne moins de 0,1 % de toutes les espèces animales[22] et seulement environ 1 % de toutes les plantes angiospermes[23].
Sexe et genre chez les humains
Les humains ne sont pas uniques en ce qui concerne les mécanismes de reproduction sexuée, mais en ce qu'ils font la distinction entre le sexe et le genre [« rôle social en fonction du sexe ». J’ai un peu peur pour ce qui va suivre]. Cette distinction remonte aux années 1950, lorsque le terme « genre » a été introduit par John Money et ses collègues[24] qui, étudiant l'hermaphrodisme humain [pseudo-hermaphrodisme. Ces individus sont stériles, ou n’ont qu’un type de gamète qui fonctionne. Il s’agit d’anomalies du développement sexuel entraînant de nombreux problèmes de santé tout au long de la vie], ont remarqué des « incongruités sexuelles » entre le sexe supposé à la naissance et le rôle social correspondant dans lequel ils ont été élevés, la morphologie génitale externe, les structures reproductives internes, le sexe hormonal [formulation trompeuse. Il s’agit de niveaux d'hormones sexuelles] et les caractéristiques sexuelles secondaires, le sexe gonadique [trompeur : il s’agit des gonades] et le sexe chromosomique [impropre : il s’agit des chromosomes sexuels. C’est justement en employant ces formulations métaphoriques que les scientifiques induisent les gens en erreur !]. Ils ont introduit le terme « rôle sexuel/de genre » comme critère supplémentaire pour mieux évaluer leurs patients présentant diverses combinaisons de ces autres variables. Dans ce texte classique, le rôle sexuel/de genre est défini comme « toutes les choses qu'une personne dit ou fait pour se révéler [aux autres] comme ayant le statut de garçon ou d'homme, de fille ou de femme, respectivement [il ne s’agit pas d’un « statut », mais d’un fait. Les imitations sexuelles visent à faire croire aux autres (et à soi-même) que l’on EST une femme ou un homme]. Il inclut la sexualité au sens de l'érotisme, mais ne s'y limite pas. Le rôle sexuel/de genre est évalué en fonction des éléments suivants : le maniérisme, le comportement et l'attitude ; les préférences en matière de jeux et les intérêts récréatifs ; les sujets de conversation spontanés et les commentaires contextuels ; le contenu des rêves, des rêveries et des fantasmes ; les réponses aux questions obliques et aux tests projectifs ; les preuves de pratiques érotiques et, enfin, les réponses de la personne elle-même à des questions directes ». (p. 302). Il s'agit donc bien de la façon dont les personnes se perçoivent, avec ou sans décalage entre cette évaluation et leur sexe. Comme nous n'avons aucun moyen de savoir si les animaux ont une quelconque notion de genre [rôle social en fonction de leur sexe], ni de les interroger à ce sujet[7], le genre [rôle socio-sexuel] est uniquement humain et le terme ne devrait donc pas être utilisé pour désigner les animaux non humains. [N’en déplaise à Frans de Waal et sa connaissance superficielle de l’histoire de la notion d’identité de genre.]
Afin d'éviter tout malentendu, nous soutenons pleinement les efforts visant à créer un environnement plus inclusif pour les femmes et les personnes issues de la diversité des genres [parce que les femmes sont des « minorités », c’est bien connu. Bon sang que ce texte est androcentré]. L'équité entre les sexes est une question humaniste qui profitera également à la science, qui a trop longtemps été dominée par une perspective masculine. Il semble toutefois que le rejet ou le mépris de la définition biologique du sexe par certains philosophes, scientifiques biomédicaux et revues scientifiques influentes soit fondé sur une perspective court-termiste qui ne prend en compte que les humains (ou les mammifères) et néglige toutes les autres espèces.
[Cette perspective ne prend en compte que les humains mâles des cultures viriarcales, notamment occidentales industrialisées. La réalité est bien pire que ce que les auteurs le laissent entendre ou ne le réalisent. Ce sont des hommes.]
Cette attitude anthropocentrique est problématique, car elle conduit à une sorte de chauvinisme spéciste qui impose des concepts d'identité humaine à des espèces non humaines. Les gens peuvent convenir que les femmes transgenres sont des femmes [non, je n’en conviens pas. Les femmes trans sont des hommes transidentifiés], mais nous ne pouvons pas simplement étendre cette définition socioculturelle intrinsèquement humaine [occidentale, industrielle et viriarcale] de ce qui est féminin et de ce qui est masculin à des millions d'autres espèces. En biologie, nous devons prendre du recul par rapport à notre point de vue humain et apprécier toute la diversité de la vie. Cela remet souvent en question bon nombre de nos concepts culturels intériorisés, dont certains ne sont peut-être même pas conscients. Comme mentionné plus haut, l'une de ces notions anthropocentriques trompeuses est l'idée que les deux sexes se présentent toujours comme des individus distincts ou que le sexe d'un individu est constant. En outre, il apparaît que la vie est encore plus diversifiée si l'on considère, par exemple, les cnidaires, les vers plats, les bryozoaires ou de nombreuses plantes qui, outre la reproduction sexuée, prolifèrent également de manière asexuée par bourgeonnement, fission et fragmentation. Cela remet en question non seulement la vision anthropocentrique limitée de la reproduction, mais aussi notre idée même d'un « individu »[25].
[À commencer par le fait qu’il est mâle. À chaque fois que vous lisez « individu » dans ce texte, vous pensez à un homme, n’est-ce pas ?]
Les différentes conceptions erronées du sexe biologique
Une idée fausse très répandue parmi les philosophes, les scientifiques biomédicaux et les théoriciens du genre - et maintenant aussi parmi certains auteurs et rédacteurs en chef de revues scientifiques influentes - est que la définition du sexe est basée sur les chromosomes, les gènes, les hormones, les vulves ou les pénis, etc. (par exemple, Réf. [1, 3, 6, 26-28]) ou que le sexe est une construction sociale[2]. Ces notions reflètent tout à fait cette vision anthropocentrique. En fait, la féminité (femaleness) ou la masculinité (maleness) ne sont définies par aucune de ces caractéristiques qui peuvent [dans notre culture] être associées au sexe biologique ou gamétique, mais qui ne le sont pourtant jamais nécessairement.
L'une des raisons de cette conception erronée du sexe biologique réside dans les pratiques biomédicales, dans lesquelles les chromosomes sexuels des mammifères ou les phénotypes associés au sexe sont largement utilisés pour définir le sexe (voir par exemple Réf.[29] ; Figure 1). C'est cette définition qui est visée par les détracteurs du fait qu'il n'existe que deux sexes distincts (voir Réf.[30]). Toutefois, les chromosomes sexuels ou les phénotypes associés au sexe ne permettent pas de définir le sexe, car de nombreuses espèces n'ont pas de chromosomes sexuels du tout. Alors que chez les mammifères, les oiseaux ou les papillons, les chromosomes sexuels déclenchent la différenciation sexuelle, chez de nombreux autres organismes, ce sont des facteurs environnementaux, tels que la température [les crocodiles] ou les régulateurs sociaux [la bonellie verte], qui déclenchent la détermination du sexe ou le changement de sexe (voir Réf. [31[2], 32[3]]). Par conséquent, les chromosomes sexuels ou d'autres systèmes déterminant le sexe ne peuvent généralement pas définir le sexe. [C’est là toute la différence entre « détermination du sexe » en tant que ce qui va lancer le développement sexuel vers une voie ou une autre, et « définition du sexe », ce par quoi nous définissons les sexes, de manière universelle, c’est-à-dire, par la taille et la fonction des gamètes !] Au contraire, comme l'a souligné le philosophe Paul Griffiths, « il s'agit de critères opérationnels de détermination du sexe, étayés par la définition gamétique du sexe et valables uniquement pour une espèce ou un groupe d'espèces »[33[4]]. Les chromosomes sexuels, les gradients de température ou les signaux sociaux des membres d'un groupe peuvent tous être des moyens de déterminer le développement d’un sexe ou de l’autre, mais ils ne définissent pas le sexe.
Comme expliqué ci-dessus, pratiquement toutes les espèces employant la reproduction sexuée produisent deux types distincts de gamètes, lesquels sont soit grands (œufs chez les animaux, ovules chez les plantes), soit petits (spermatozoïdes chez les animaux, pollen chez les plantes). Il n'existe pas non plus de « spemœufs » ou de « pollules » (gamètes de taille intermédiaire), ni cinq sexes biologiques différents comme le postule Fausto-Sterling[34][5] [ soi-disant, elle le disait pour déconner], ni de sexe mâle ou femelle qui seraient des « catégories dépendantes du contexte avec des associations flexibles à de multiples variables »[6][6]. Tout ce qui existe, ce sont deux stratégies de reproduction basées sur deux catégories distinctes de gamètes qui fusionnent pour donner naissance à une progéniture[9, 17, 35][7], [8] [9]. Comme l'a dit Joan Roughgarden, un biologiste qui s'identifie comme une personne transgenre, « [...] le sexe mâle et le sexe femelle sont deux catégories distinctes de gamètes qui fusionnent pour donner naissance à une progéniture » : « [...] "mâle" signifie faire de petits gamètes, et "femelle" signifie faire de grands gamètes. Point barre ». En outre, il est important de noter que la définition fondamentale des sexes (basée sur la taille des gamètes) doit être distinguée de toute utilisation opérationnelle du terme, par exemple celle basée sur les chromosomes ou les gènes, etc.
La taille des gamètes définit les sexes biologiques chez toutes les espèces, tandis que les critères opérationnels peuvent (1) identifier les sexes uniquement sur la base de traits plus ou moins fiables pour prédire le sexe biologique, et (2) ils ne sont pas universellement applicables, mais seulement valables pour une ou quelques espèces. Par exemple, les chromosomes sexuels homozygotes (XX) sont utilisés comme critère opérationnel de « féminité » (femaleness) chez les mammifères parce qu'un mammifère doté d'une telle configuration chromosomique produira très probablement des ovules. Chez les oiseaux, les chromosomes sexuels homozygotes ne peuvent pas être utilisés comme critère opérationnel de « féminité » (femaleness), car les oiseaux dotés de chromosomes sexuels homozygotes (ZZ) deviennent généralement des mâles et produisent des spermatozoïdes [et les femelles oiseaux, hétérozygotes, sont touchées des mêmes faiblesses que les humains mâles, ne pouvant puiser dans un second Z pour des copies/variantes saines de gènes défectueux dans leur seul Z, tandis que les mâles peuvent aller puiser dans leur second Z, comme les femmes dans leur second X, le corps de Barr.] C'est donc la taille des gamètes qui constitue la base de la définition de la « féminité » (femaleness) ou de la « masculinité » (maleness) chez les mammifères et les oiseaux (et tout autre organisme anisogame). Les chromosomes sexuels homozygotes sont en effet des critères opérationnels fiables pour prédire un sexe chez les mammifères et les oiseaux, mais ils prédisent des sexes différents dans ces deux taxons. Par conséquent, l'homozygotie en tant que telle ne peut pas être utilisée pour définir la « féminité » (femaleness) ou la « masculinité » (maleness), elle ne le fait qu'en référence à la taille des gamètes. Comme pour la zygosité, aucun critère opérationnel des sexes n'est équivalent à la définition fondamentale, et le sexe biologique reste donc la base de toutes les différences sexuelles et de tout critère opérationnel utilisé pour les décrire.
Une autre cause majeure de malentendus sur le concept biologique du sexe est la confusion du « sexe » avec la « différenciation sexuelle » ou les processus de développement qui conduisent à l'expression du sexe biologique (figure 1). Le développement d'un individu est caractérisé par des interactions complexes entre les gènes, l'environnement et les mécanismes de retour au sein de l'organisme en développement (résumé de manière très convaincante par Réf.[37[10]]). Au cours de ces processus, il peut se produire beaucoup de choses qui font que l'organisme s'écarte de la voie habituelle (créant ainsi une diversité sur laquelle l'évolution peut agir), mais cela ne remet pas en question la définition biologique du sexe. Un exemple frappant de ce malentendu est un article publié dans Nature[3][11] qui résume les processus de régulation des chromosomes et des gènes à l'origine d'une différenciation sexuelle ambiguë chez l'homme et d'autres mammifères[3]. Le sous-titre de cet article indique que « l'idée de deux sexes est simpliste. Les biologistes pensent aujourd'hui que le spectre est plus large que cela », confondant ainsi « sexe » avec « différenciation sexuelle » ou « développement sexuel ». En outre, l'article adopte un point de vue anthropocentrique, ou du moins mammalocentrique. Il ne fait aucun doute que la recherche biomédicale a montré que la différenciation sexuelle chez les mammifères est complexe et diverse. Cette complexité peut se traduire, par exemple, par des phénotypes sexuels dont les traits se chevauchent entre les sexes (par exemple, les niveaux d'hormones sexuelles), ce qui rend difficile l'utilisation de ces traits comme critères opérationnels non ambigus pour prédire de manière fiable le sexe biologique. Toutefois, cela ne signifie pas que les biologistes évolutionnistes pensent qu'il existe un spectre sexuel. Au contraire, les biologistes s'accordent à dire que la majorité des organismes multicellulaires se reproduisant sexuellement ont exactement deux stratégies évolutives pour générer une progéniture, une femelle et une mâle (par exemple, Réf. [9, 11, 12, 15, 17][12],[13],[14],[15],[16]).
Une autre raison expliquant les idées fausses largement répandues sur le sexe est l'idée qu'il s'agit d'une condition, alors qu'en réalité il peut s'agir d'une étape de l'histoire de la vie[33].[17] [Attachez vos ceintures, on part dans la stratosphère.] Par exemple, un embryon de mammifère avec des chromosomes sexuels hétérozygotes (configuration XY) n'est pas apte à la reproduction, car il ne produit pas de gamètes de quelque taille que ce soit. Ainsi, à proprement parler, il n'a pas encore de sexe biologique. Cependant, avec une probabilité raisonnablement élevée, nous pouvons prédire que cet embryon est sur une trajectoire développementale qui le conduira à devenir un mâle reproductivement compétent (produisant du sperme). Par conséquent, en tant que « définition » opérationnelle, il peut être justifié de l'appeler « embryon mâle ». Pour citer à nouveau Paul Griffiths, le concept de sexe biologique « n'a pas été développé pour assigner un sexe biologique à chaque organisme individuel à n'importe quel stade de sa vie »[33], ce qu'il ne fait souvent pas. Cela reflète la réalité biologique, car le sexe biologique est un processus plutôt qu'une condition.
[C’est avec cet argument fumeux que les transactivistes prétendent que les hommes transidentifiés sont comme des « femmes ménopausées » ou des « filles prépubères ». Les idéologues font comme si le « sexe » était cette fois uniquement lié à la fertilité, à la capacité actuelle de procréer, ce qui est justement essentialiste. Or, ce qui fait qu’une fille prépubère ou une femme avec un DSD de type XO sont bien une fille et une femme, ce n’est pas leur fertilité, c’est la voie développementale sexuée qui a organisé leur corps autour d’un type d’appareil reproducteur, laquelle suivant son cours normalement, produira de gros gamètes - femelles. Dans le cas de la femme XO qui n’a pas eu ses règles lors de la puberté, sans cette anomalie du développement (qui produit un vagin, un utérus et des ovaires au stade fœtal, avant que les ovaires ne se désagrègent, ce qui entraînera une stérilité à la puberté et à l’âge adulte), celle-ci aurait dû être fertile. Elle n’en est pas moins une femme, son corps sexué est organisé autour de la production de gros gamètes, même si ces gamètes ne seront pas produits dans son cas. Le sexe ne dépend pas d’un moment particulier de la vie ni d’un cycle. Les femmes ménopausées sont des femmes, les femmes qui ont eu une hystérectomie sont des femmes. Les femmes qui ne sont pas en période d’ovulation sont des femmes. Leur corps s’est structuré autour de la production de gamètes femelles, lancé dès la conception sur la voie développementale femelle. Il s’agit au final du même argument que celui qui présente les caractéristiques du sexe, biologiques et sociales pêle-mêle (présentant les niveaux hormonaux comme un “sexe hormonal”, les chromosomes comme un “sexe chromosomique”, les vêtements comme un “sexe social”, l’appareil génital comme un “sexe anatomique”, etc.) comme s’il s’agissait d’entités indépendantes et non de traits entièrement dépendant du corps sexué, c’est à dire, du corps organisé en fonction d’une voie développementale sexuée ou de l’autre.
Ce relativisme philosophique est encore une fois de l’essentialisme, comme si ce qui faisait un garçon/ homme ou une fille/femme était autre chose que le fait d’être un enfant/adulte de sexe mâle ou une enfant/adulte de sexe femelle. (Une essence magique d’éternel féminin, un « état d’esprit », par exemple, comme le décrit sans rire Nicolas « Marie » Cau, ce grand intellectuel).
Le but de cet argument est d’opérer une décorrélation du mot « femme » de sa définition de « femelle humaine », de manière à assimiler le mot « femme » aux stéréotypes sexistes du rôle social-sexuel imposé aux femmes. L’objectif d’une telle décorrélation – notons que le mot « homme » ne fait pas l’objet de telles revendications de la part des transactivistes– est de pouvoir exiger, de la part de ces hommes, à être légalement considérés comme des « femmes » et bénéficier des services et droits des femmes pourtant basés sur le « sexe » féminin.
Or, en décorrélant « femme » du sexe féminin, on rend impossible toutes données statistiques ventilées par sexes, comme les statistiques sur la criminalité et notamment les violences sexuelles, les écarts de salaires, etc., et surtout, on empêche les femmes de penser et d’analyser leur exploitation sexuelle et la manière dont elles sont opprimées. Il ne s’agit pas d’une simple guerre sémantique, mais d’une stratégie sexuelle masculine pour reprendre le contrôle sur les femmes et les empêcher de lutter pour leur libération. Ces hommes, qui cherchent à redéfinir ce que sont les femmes et à empêcher celles-ci de parler de leur réalité sexuée, retrouvent par là-même un contrôle sur la capacité des femmes à s’organiser politiquement selon leur classe du sexe, moteur du mouvement de leur libération.
Pour trois mâles qui tentent d’argumenter contre l’anthropocentrisme spéciste, je les trouve bien spécistes à soutenir l’exceptionnalité humaine et séparer les humains d’une « ligne rouge », comme ils le diront plus bas, des autres espèces. L’humain serait si exceptionnel que « femme » ne doit plus signifier « femelle de l’espèce humaine », mais « la légèreté insoutenable du charme et de la poussière d’étoiles », entendre « me branler dans des sous-vêtements de femmes, ça ne fait plus mon affaire. Maintenant je veux que la boulangère et le banquier me disent ‘madame’, donc on va militer pour décorréler le mot « femme » de « femelle humaine » tout en s’appropriant les conquis sociaux pour lesquelles les femmes ont lutté en réponse à l’exploitation qui est faite de leur capacité sexuelle et reproductrice de femelle. Parce que je ne suis qu’un petit Y famélique parasitaire des femmes. » En bref, on attend que le coq milite pour décorréler le mot « poule » de femelle gallinacée, parce qu’il veut une excuse pour s’enfoncer des œufs dans le croupion. On attend que le lion milite pour décorréler le mot « lionne » de la femelle panthera leo, et on attend aussi de le voir en érection après s’être rasé la crinière parce qu’il est sexuellement excité à l’idée d’être une lionne.]
Une autre idée fausse consiste à confondre le sexe et les rôles sexuels. Le sexe est binaire, mais les rôles sexuels peuvent être flexibles au sein d'une même espèce et d'une espèce à l'autre (figure 1). Par exemple, chez les gobies à deux points (Gobiusculus flavescens), les rôles sexuels des femelles et des mâles changent au cours d'une saison de reproduction. Au début, les mâles se livrent une concurrence féroce et courtisent les femelles. La compétition entre mâles, les soins paternels et la prédation entraînent une mortalité plus élevée chez les mâles que chez les femelles, ce qui modifie le sex-ratio des adultes en faveur des femelles au fur et à mesure que la saison de reproduction progresse. À leur tour, les femelles commencent à se disputer les opportunités d'accouplement et courtisent les mâles[38][18]. Cet exemple montre que la « compétition » et la « cour » ne sont pas, par définition, des rôles sexuels « masculins ». De même, les soins parentaux ne sont pas, par définition, un trait féminin. Alors que les soins parentaux sont typiquement féminins chez les mammifères, ils sont typiquement masculins chez les poissons[39][19]. Bien que des études comparatives suggèrent que la sélection sexuelle est en moyenne plus forte chez les mâles que chez les femelles[40-43][20][21], la compétition, la dominance et la parade nuptiale chez les femelles sont beaucoup plus courantes qu'on ne le pensait[41, 44-46][22],[23],[24],[25]. Les rôles sexuels de nombreux animaux répondent aux conditions environnementales et sociales avec beaucoup plus de souplesse que la théorie darwinienne classique ne l'admettait. Par conséquent, si quelque chose « doit être traité comme des catégories dépendant du contexte avec des associations flexibles à de multiples variables »[6][26], ce sont bien les rôles sexuels, mais pas le sexe.
Conclusion : nier le sexe biologique nuit au progrès scientifique et à la confiance en la science
Il est clair que la définition biologique des sexes ne peut servir de base à la définition des « genres sociaux » des personnes, comme l'a souligné avec force le philosophe Paul Griffiths[8].[27]
[Il est surtout clair que les signes astro-sexuels que se choisissent les individus n’ont rien à faire avec les documents d’identification basés sur des critères objectifs dans des pays laïques, et que « l’identité de genre », quoi que cela veuille dire, doit être traitée comme n’importe quelle croyance religieuse.]
De même, la construction socioculturelle, et donc anthropocentrique, du genre ne peut s'appliquer aux organismes non humains[7][28]. Il existe une ligne rouge qui sépare les humains, avec leur combinaison unique de sexe et de genre, des animaux et des plantes non humains, qui n'ont que deux sexes distincts - les deux s'exprimant soit chez le même individu, soit chez des individus différents.
[Les gars, vous rétropédalez et perdez votre courage. D’un coup, le spécisme revient. Les humains, ces flocons de neige si spéciaux avec leurs centaines d’artéfacts culturels astro-sexuels, et les pauvres non-humains avec leurs deux sexes tous pourris. Pourtant, il suffit de s’intéresser à l’anthropologie et à l’ethnologie pour réaliser que les humains ne sont même pas si créatifs en matière de rôles sociaux sexuels. Je l’ai montré à maintes reprises.]
Si le concept de sexe reste essentiel pour reconnaître la diversité de la vie, il est également crucial pour ceux qui souhaitent comprendre en profondeur la nature du genre chez l'humain. Nier le sexe biologique, pour quelque noble cause que ce soit, entrave le progrès scientifique. En outre, et c'est probablement encore pire, en rejetant des faits biologiques élémentaires, les revues scientifiques influentes risquent d'ouvrir les portes à des « vérités alternatives » [c’est-à-dire des totalitarismes.]
[En conclusion, la « nature » du genre est surtout une construction sociale dont les origines biologiques pourraient être des stratégies sexuelles masculines, notamment la kleptogamie. Dans les sociétés patri/viriarcales de notre espèce, les mâles cherchent par diverses stratégies à contrôler le corps des femelles afin d’y avoir le plus facilement accès. La kleptogamie dans le royaume animal consiste en l’imitation, de la part des mâles, des caractéristiques des femelles pour les approcher en trompant leur vigilance et obtenir un coït, c’est-à-dire, une chance de reproduction. Il est curieux que des scientifiques ne fassent pas le rapprochement. Peut-être devraient-ils éplucher les Archives of sexual behavior. Les rôles sociaux-sexuels des cultures humaines ne viennent pas d’une pochette surprise. Il faut comprendre qu’il s’agit de comportements sexuels, et que ces comportements traduisent des stratégies de reproduction.
Les humains ne sont pas spéciaux. Ces scientifiques échouent à le réaliser à cause de l’épaisse couche de paillettes qui recouvre ces comportements sexuels, et qu’ils nomment « diversité de genre ». La réalité, c’est qu’il n’y a pas tant de diversité dans notre espèce. Seulement deux sexes (et des troubles du développement sexuels), trois orientations sexuelles (et des paraphilies), et de nombreux comportements sexuels. Mais certainement pas autant que d’individus. Pour la troisième fois, non, les humains, vous n’êtes pas spéciaux, vous êtes des mammifères. Votre seule spécificité, c’est la stupidité. Il n’y a de stupidité qu’humaine.]
[1] Butler, J. (1999). Gender trouble. Feminism and the subversion of identity (2nd ed.). Routledge.
[2] https://journals.plos.org/plosbiology/article?id=10.1371/journal.pbio.1001899
[3] https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-0348-6273-8_4
[4] http://philsci-archive.pitt.edu/19906/
[5] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0034
[6] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0006
[7] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0009
[8] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0017
[9] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0035
[10] Noble, D. (2006). The music of life. Biology beyond genes. Oxford University Press.
[11] https://www.nature.com/articles/518288a
[12] https://doi.org/10.1016/0022-5193(72)90007-0
[13] https://link.springer.com/chapter/10.1007/978-3-0348-6273-8_1
[14] Maynard, S. J. (1978). The evolution of sex. Cambridge: Cambridge University Press.
[15] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27619696/
[16] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/bies.202200173?af=R#bies202200173-bib-0017
[17]Griffiths, P. E. (2021). What are biological sexes? Preprint: http://philsci-archive.pitt.edu/id/eprint/19906
[18] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/15175750/
[19] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11958696/
[20] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34787569/
[21] https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ele.12907
[22] https://chemport-n.cas.org//chemport-n/?APP=ftslink&action=reflink&origin=wiley&version=1.0&coi=1%3ASTN%3A280%3ADC%252BD28%252FitVeqsg%253D%253D&md5=5189f17cde9e36deb0b7ac7e1374dc18
[23] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22479137/
[24] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30484943/
[25] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30484943/
[26] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34941389/
[27] Griffiths, P. (2020). Sex is real. Aeon Magazine, September 21st, 2020.
[28] Goymann, W., & Brumm, H. (2018). Let's talk about sex − not gender. Bioessays, 40, 1800030.