Les associations étudiantes féministes « peuvent exclure les hommes transidentifiés (trans women) »
Les responsables de l’Union des étudian·tes de Bristol font marche arrière après avoir été poursuivis en justice pour avoir sanctionné le groupe non mixte en raison de son règlement sexo-spécifique.
Article original paru sur The Telegraph
Par Ewan Somerville 4 Février 2023 - 6:00pm
Raquel Rosario Sanchez avait reçu l’ordre de quitter la présidence de Women Talk Back (les femmes répondent) en raison de son règlement sexo-spécifique. Crédits : Jay Williams pour The Telegraph
Les associations étudiantes féministes peuvent exclure les hommes transidentifiés (transgender women), ont admis les responsables des syndicats d’étudiant·es après une action en justice « historique ».
L’Union des étudiant·es de Bristol (Bristol SU) a provoqué un climat de colère en prenant des mesures disciplinaires contre Women Talk Back (WTB), son propre groupe féministe, pour ne pas accepter la présence d’hommes transidentifiés (transgender women), nés de sexe masculin, dans leur cercle de discussions sur le viol et les agressions sexuelles.
L’association avait organisé des réunions non mixtes réservées aux femmes à l’université de Bristol pour parler de la violence masculine et avait fait valoir que la présence d’ hommes transidentifiés pouvait empêcher les participantes de prendre la parole. Cependant, un étudiant a porté plainte.
À la suite d’une enquête, en février 2021, Bristol SU a exigé la démission de Raquel Rosario Sanchez, sa présidente, avant de lui interdire l’accession à tout poste de direction pendant deux ans et d’ordonner la mise en place d’un cours sur « l’égalité, la diversité et l’inclusion » dans son association.
En réponse, quatre membresses de WTB ont intenté une action en justice, arguant dans les documents du tribunal du comté de Bristol que Bristol SU les avait « privées de leurs droits en vertu de la loi sur l’égalité [Equality Act 2010, qui reconnaît le sexe, distinct de l’identité de genre, comme une catégorie protégée], discriminées, soumises à des préjudices, traitées de manière moins favorable, harcelées et victimisées ».
Aujourd’hui, Bristol SU a fait marche arrière et a admis que « les clubs et sociétés affiliées peuvent légalement offrir des services non mixtes et être constituées en associations non mixtes » en vertu de la loi sur l’égalité (Equality Act 2010).
Raquel Rosario Sanchez, à gauche, a présidé un débat avec Woman's Place qui a fait l’objet de protestations de la part des transactivistes. CRÉDIT : Jay Williams pour The Telegraph
Dans un règlement à l’amiable ce mois-ci, le syndicat étudiant a confirmé qu’il « comprend que Women Talk Back souhaite fonctionner en non mixte » et que « WTB pourrait, si elle le souhaite, demander à nouveau son affiliation au syndicat étudiant sur cette base ».
La déclaration de Bristol SU ajoute : « Ce faisant, WTB inscrirait dans ses statuts la définition de la loi sur l’égalité de 2010 selon laquelle les “femmes” sont “des femmes de sexe féminin (females) de tout âge”, au lieu de la définition propre aux statuts de l’Union » [qui se base sur une politique identitaire locale et non sur la réalité matérielle et la loi].
Cette décision a marqué un revirement de la part des responsables de Bristol SU, qui avaient initialement déclaré à l’association que la définition statutaire des femmes, « toutes les personnes qui s’auto-définissent comme des femmes », signifiait qu’ils « ne permettaient pas à un groupe de restreindre ses membres aux femmes cisgenres [aux femmes tout court] » et qu’ils ne pouvaient donc pas être non mixtes [SIC. Nous soulignons].
Samedi, la WTB a salué ce résultat « historique » qui crée un précédent juridique pour les universités du Royaume-Uni et qui « permet aux femmes de respirer plus facilement dans le monde universitaire ».
Rosario Sanchez, qui est également doctorante au Centre de recherche sur le genre et la violence de l’université de Bristol, a déclaré au Telegraph : « Les transactivistes du monde universitaire s’imaginaient que nous allions céder à force d’intimidations et de menaces. Mais nous avons refusé de nous laisser faire, nous ne nous sommes pas démontées et nous n’avons rien lâché. »
« Grâce à notre expérience, nous avons insufflé la première reconnaissance de la légitimité des sociétés non mixtes dans le monde universitaire. Notre histoire est celle de jeunes femmes qui mettent leur voix au service d’un changement positif qui profite à toutes et tous les étudiants, quel que soit leur sexe. »
Un pas en avant
L’association, qui compte 73 membresses enregistrées et dont des centaines d’autres ont assisté à ses réunions, a levé 52 000 £ par crowdfunding pour les frais de son action en justice.
Elizabeth McGlone, avocate chez Didlaw qui représentait la WTB, a déclaré au Telegraph : « WTB et BSU sont parvenus à un accord au début du mois, BSU reconnaissant que WTB voulait fonctionner comme un service non mixte conformément aux exceptions légales prévues par la loi sur l’égalité de 2010 ».
« BSU a mis à jour ses directives sur l’affiliation et la réaffiliation à la suite de cette affaire. »
« Je considère qu’il s’agit d’un pas en avant dans la protection des espaces non mixtes qui, dans des circonstances spécifiques, sont légaux en vertu de la loi sur l’égalité de 2010, car ils constituent un moyen proportionné d’atteindre un objectif légitime, tel que l’intimité ou la prévention des traumatismes. »
Transactivisme sur le campus
Il s’agit du dernier affrontement entre les féministes critiques du genre et les activistes de gauche sur les campus britanniques.
En 2019, Bristol SU a soutenu des propositions visant à interdire les conférencières invitées qui étaient jugées comme étant des «Terfs » , un terme considéré comme une insulte et qui signifie « féministes radicales trans-exclusive s». [Or les féministes radicales n’excluent que les hommes, peu importe leur signe astrosexologique, et acceptent toutes les femmes, peu importe leur signe astrosexologique. Pardon, je veux dire leur « identité de genre ».]
L’année dernière, The Telegraph a révélé comment l’association non mixte de l’université de Swansea, réservée aux femmes, avait été « purgée par les transactivistes » pour avoir soutenu les droits des femmes fondés sur le sexe, et qui avait vu ses comptes de messageries fermés et ses membresses quitter l’association pour assurer leur propre sécurité.
Toby Young, fondateur de la Free Speech Union (Union pour la libre expression), avait alors lancé l’alerte : « L’effacement progressif des sociétés féministes dans les universités britanniques est un scandale national » .