Les transsexuels soutiennent Reem Alsalem contre les réformes écossaises de reconnaissance du genre
En bref, nous nous félicitons de [ses] commentaires et nous partageons [ses] préoccupations.
Un collectif de personnes transsexuelles s’est adressé à Reem Asalem — la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences — à propos de sa récente intervention [traduction postée sur Le Partage] concernant les propositions du gouvernement écossais sur la Réforme de la reconnaissance du genre (Gender Recognition Reform). J’ai organisé cette démarche. Voici l’intégralité de notre lettre.
Par Debbie Hayton (Professeur et journaliste transgenre)
Le 12 décembre 2022
Reem Alsalem
Rapporteuse spéciale sur la violence contre les femmes, ses causes et ses conséquences
ONU
(par courriel)
Chère Madame Alsalem,
Nous sommes des personnes transsexuelles et nous vous écrivons pour vous remercier de votre intervention en Écosse, où le Parlement de Holyrood est en train de débattre du projet de loi sur la reconnaissance du genre (Écosse).
En bref, nous accueillons favorablement vos commentaires et partageons vos inquiétudes. Les personnes trans ne sont pas un monolithe, et nous avons un éventail d’opinions différentes sur la plupart des sujets. Celles et ceux d’entre nous qui signent cette lettre s’opposent à la position adoptée par le gouvernement écossais.
Nous sommes fondamentalement en désaccord avec le concept d’auto-identification du genre légal [Il s’agit de l’auto-identification du SEXE légal sur des documents officiels, ouvrant à qui de droit tous les espaces et services réservés aux femmes sur la base de leur sexe. La notion confuse d’identité de genre vient ici pleinement remplacer l’information du sexe. Ndt] Le fait de permettre aux hommes de se déclarer comme étant des femmes — en se contentant de simplement remplir un formulaire — vide de tout sens les limites des femmes. Nous sommes également très inquiets des impacts possibles sur le fait d’autoriser des enfants à changer de sexe légal avant l’âge de la majorité.
Mais nous souhaitons tout particulièrement évoquer avec vous l’impact sur les personnes transsexuelles elles-mêmes. La Loi britannique sur la Reconnaissance du genre (UK Gender Recognition Act )a été créée pour un groupe relativement restreint de personnes ayant entrepris un processus de réassignation sexuelle et fourni les preuves d’un besoin médical. Le changement de sexe légal n’est pas un processus qui doit être entrepris à la légère, et nous pensons que les freins et contrepoids de la législation actuelle sont nécessaires à la fois pour protéger les individus d’une erreur conséquente et pour maintenir une confiance dans le système.
Sans comptes-rendus médicaux, la reconnaissance du genre sera ouverte aux abus. Cela est pour nous évident, et nous ne sommes pas surpris d’assister à une suspicion croissante à l’égard des personnes transsexuelles et de nos motivations. Ironiquement, ce projet de loi — et d’autres projets similaires — nuit aux droits des personnes trans ; ces projets ne les soutiennent pas du tout.
Merci,
Debbie Hayton, et tous·tes les autres.
Les signataires sont des personnes transsexuelles aux opinions très diverses. Comme nous l’avons dit, les personnes trans ne sont pas un monolithe. Certain·es signataires étaient heureux·se d’être identifié·es, d’autres non. Un transman l’explique ainsi :
« Un homme transgenre a soutenu la démarche, mais a demandé que son nom ne soit pas rendu public, car il ne veut pas avoir à subir d’abus de la part des personnes trans qui étaient autrefois ses amis ».
Homme transsexuel (nom non divulgué)
C’est une époque inquiétante et bien étrange que nous vivons.