Texte original publié sur Reality Last Stand
La liste d’arguments fallacieux avancés par les transactivistes dans le but de saper la réalité de l’existence de deux — et seulement deux — sexes est déjà très longue et ne cesse de s’allonger. J’ai traité de certains de ces arguments fréquents pour Quillette en 2020. Cependant, je suis tombé sur une réponse du Dr Shay-Akil McLean au Tweet Zach Elliott qui affirme qu’« il existe précisément deux sexes (ni plus ni moins). »
Dr Shay-Akil : « Salut, je suis un biologiste transgenre, spécialisé en génétique évolutionnaire qui étudie les humains.
Chez les humains, il y a 6 caryotypes sexuels communs : XX, XY, XXY, XXXY & XYYY et il y a aussi 4 caryotypes sexuels rares : XO, mosaïcisme XO/XX, mosaïcisme XY/XXY, mosaïcisme XXT/XXXY/XXXXY »
Zach Elliott : « La science et la biologie soutiennent irrévocablement l’existence de deux sexes, ni plus ni moins, dans la quasi-totalité des organismes multicellulaires complexes. Voici 40 articles universitaires peer-reviewed de spécialistes sur l’évolution du sexe, et les raisons pour lesquelles il n’y a que deux sexes. »
M. McLean, qui se targue d’accoler cinq diplômes à la suite de son pseudo Twitter et qui prétend être un généticien de l’évolution humaine, s’est inscrit en faux contre cette affirmation et a présenté une image très courante — et très erronée — du sexe biologique, à savoir que les différentes compositions de chromosomes sexuels, outre les chromosomes XX et XY standards, représentent chacune un sexe unique. En fait, le Dr McLean semble suggérer dans son tweet qu’il pourrait y avoir jusqu’à 10 sexes biologiques !
Une désinformation aussi extrême serait inquiétante de la part de n’importe qui, mais plus encore de la part d’une personne titulaire d’un doctorat en génétique de l’évolution humaine. Les plus de 4 000 retweets de son tweet montrent à quel point la désinformation peut se propager rapidement. Cependant, un coup d’œil à son site Google Scholar révèle qu’il est l’auteur de plusieurs articles sur le racisme et qu’un seul article seulement aborde certains sujets de génétique, mais sans aucune analyse génétique réelle. Sa prétention à être un généticien (de quelque nature que ce soit) est donc assez douteuse. Mais les références ne déterminent pas si quelqu’un a raison ou tort, et je ne doute malheureusement pas de pouvoir facilement trouver un vrai généticien proposant le même argument ; alors examinons l’argument lui-même. [Tout comme il existe de nombreux scientifiques créationnistes, adeptes de la théorie du Dessin Intelligent. NdT]
L’argument selon lequel les individus dont les chromosomes sexuels s’écartent de la disposition typique (46, XX et 46, XY), tels que les chromosomes sexuels des personnes atteintes du syndrome de Klinefelter (47, XXY) ou du syndrome de Turner (45, X0), est courant et souvent employé pour affirmer qu’il y a six sexes, bien que d’autres chiffres soient fréquemment avancés. Une recherche sur Twitter pour le terme « 6 sexes » renvoie à d’innombrables tweets similaires à celui ci-dessous.
Cet argument résulte d’un malentendu fondamental sur ce qui distingue biologiquement les mâles et les femelles, à savoir la taille des gamètes (cellules sexuelles) qu’ils produisent. Les mâles produisent de petits gamètes (spermatozoïdes) et les femelles de gros gamètes (ovules). Mais au niveau individuel (puisque tous les individus ne sont pas forcément capables de produire des gamètes [prépubescence, ménopause et andropause, DSD, etc. NdT], le sexe d’un organisme correspond au type d’organes sexuels primaires (testicules ou ovaires) que l’individu a développé.
Chez les mammifères, dont l’être humain, le chromosome Y porte un gène (SRY) qui encode un facteur déterminant pour la formation des testicules. Si un individu possède un chromosome Y avec un gène SRY fonctionnel, il développera des testicules et sera donc biologiquement mâle. En l’absence de chromosome Y et de gène SRY fonctionnel (à moins que le gène SRY n’ait été transposé sur un chromosome X), un embryon développera des ovaires et sera donc biologiquement femelle. Notons que la présence d’un chromosome Y, ou de deux, ou de trois, etc., entraîne le développement de testicules et que ces individus sont donc biologiquement des mâles. De la même manière, les individus ayant des chromosomes X supplémentaires ou moins nombreux, en l’absence d’un Y, développent tous des ovaires et sont donc biologiquement des femmes.
En gardant cela à l’esprit, le tableau du tweet ci-dessus peut être réécrit plus précisément comme suit :
X — femelle
XX — femelle
XXY — mâle
XY — mâle
XYY — mâle
XXXY — mâle
Donc non, ces différentes compositions chromosomiques ne sont pas de nouveaux sexes, mais représentent plutôt une variation naturelle au sein des mâles et des femelles. Pour illustrer par analogie, une personne atteinte du syndrome de Klinefelter (47, XXY) n’est pas un nouveau sexe, de la même manière qu’une personne atteinte de trisomie 21 (qui possède 3 copies du chromosome 21 au lieu de 2) n’est pas une nouvelle espèce humaine.
Commentaire d’un lecteur au sujet du gène SRY :
Merci pour cette explication claire.
En ce qui concerne le gène SRY et son apparition sur les chromosomes X, l’article de Wikipédia sur le syndrome masculin XX (https://en.wikipedia.org/wiki/XX_male_syndrome) affirme qu’environ 10 % des hommes XX n’ont pas de SRY, mais que le fait d’avoir une copie supplémentaire d’un gène appelé SOX9 ou l’absence d’un gène appelé DOX1 peut également provoquer le syndrome masculin. En outre, deux autres gènes, SF1 et WNT4, seraient en train d’être étudiés pour leur rôle dans le syndrome masculin XX. Il semble donc que la génétique des mâles XX ne soit pas simple.
J’ai également une question : est-ce qu’il peut arriver qu’une personne ait à la fois (ou un mélange des deux) des testicules et des ovaires ou est-ce que l’on a toujours l’un ou l’autre, mais jamais les deux en même temps ?
Réponse de l’auteur :
Oui, le gène SRY est en quelque sorte un « interrupteur principal », mais comme vous l’avez souligné, il existe des exceptions et la génétique dans de rares cas peut être assez complexe, et nous ignorons encore beaucoup de choses sur les autres gènes qui pourraient jouer un rôle dans le développement masculin en l’absence de SRY. Il est assez facile de se perdre dans les méandres de la science quand on creuse assez profondément !
Et oui, certaines personnes peuvent avoir à la fois des testicules et des ovaires. Parfois, ils en ont un de chaque, ou parfois ils ont des « ovotestes » où les gonades peuvent être composées à la fois de tissus ovariens et testiculaires. Cependant, ils sont généralement infertiles et ne produisent qu’un seul type de gamète. Un article très ancien prétend apporter la preuve indirecte qu’un mâle fertile doté d’un ovaire et d’un testicule a effectivement connu une ovulation dans son ovaire, mais ce n’est pas tout à fait clair. Mais même si cela était vrai, ou si les humains pouvaient légitimement être de véritables hermaphrodites (deux gamètes simultanément fonctionnels), il ne s’agirait pas d’un troisième sexe. En fait, les hermaphrodites ont simplement des caractéristiques des *deux* sexes. Pour qu’il s’agisse d’un troisième sexe, il faudrait qu’ils produisent un troisième type unique de gamète qui ne soit ni un ovule ni un spermatozoïde.