Une association qui se dit « STOP Homophobie » porte plainte contre une femme qui essaie de faire entendre que les corps des femmes existent, qu’ils sont différents des corps des hommes, peu importe les modifications cosmétiques et médicamenteuses que ceux-ci se sont offerts ou non, et que les femmes aient des besoins propres, notamment liés à leur système reproducteur, du point de vue strictement physiologique, mais également vis-à-vis des violences masculines qui sont endémiques.
Pour rappel, de 22% à 34 % (25% de l’adolescence à l’université) des hommes avouent avoir eu au moins un comportement d’agression sexuelle envers au moins une femme. Ce chiffre, c’est celui de ceux qui osent l’avouer. Vous pouvez faire une estimation du chiffre réel, entre ceux qui mentent et ceux qui pensent être dans leur bon droit de faire ce qu’ils veulent aux femmes.
7 femmes victimes sur 10 déclarent avoir subi des faits répétés
8 femmes victimes sur 10 déclarent avoir également été soumises à des atteintes psychologiques ou des agressions verbales.
Prenons le chiffre de 25%, qui est un quart des hommes (le quart qui avoue) : dans un saladier de Maltesers, 25% sont au cyanure. Pas tous les Maltesers : allez-vous vous servir ? Vous avez le choix de mettre ou non la main au saladier. Les femmes n’ont pas le choix de vivre ou non dans une société d’hommes.
Ces chiffres concernent les hommes en tant que classe sexuelle, indépendamment de leur ethnie, de leurs goûts musicaux, de leurs vêtements préférés et de leur éducation (sauf en ce qui concerne les hommes à l’université : aussi, l’éducation ne change rien aux comportements de violence masculine envers les femmes).
La plainte
Mme Moutot est notamment accusée de refuser d’accepter le raisonnement suivant :
« M. Cau est une personne de sexe masculin qui se dit de genre féminin ».
Ce raisonnement est tout à fait vrai.
Mais ce n’est ni ce que prétend M. Cau, ni le jeu auquel refuse de se prêter Mme Moutot.
Le « genre féminin » est devenu une construction culturelle de notre société qui peut se décliner dans nos lois en tant que fiction juridique (comme l’inscription de l’identité de genre à côté du sexe sur les documents d’identité). Le genre féminin, en tant que construction culturelle, devient dès lors une fiction institutionnelle.
On trouvera cette construction culturelle de la féminité, le rôle socio-sexuel attribué aux femmes parce qu’elles sont de sexe féminin, dans toutes les sociétés viriarcales (sociétés traditionnelles ou non, dominées par les hommes, et qui placent la masculinité virile en tant que valeur suprême). Il existera des variations d’une société à l’autre, parfois très grandes, mais toutes ont pour point commun la hiérarchie qui place la masculinité au-dessus de la féminité. La masculinité viriarcale ne se définit et n’existe qu’en relation à la féminité subalterne que les hommes ont construite pour justifier et renforcer l’exploitation qu’ils font des femmes : les hommes sont forts, intelligents, rationnels, à l’image de leur dieu, et les femmes sont faibles, moins intelligentes, émotionnelles, impures.
Sans même commencer à parler de l’inversion flagrante des réalités de cette construction, ce mythe sert à justifier que les femmes aient été tenues à l’écart des affaires publiques et des décisions politiques sur l’organisation et l’orientation de notre société, tout en constituant sa matière première. (Le travail domestique des femmes et le travail de production des enfants et de soins délivrés aux enfants et aux adultes, non rémunéré, est le socle du capitalisme et la base des « ressources humaines » du capitalisme).
Or, ce que dit M. Cau, ce n’est pas « je suis une personne de sexe masculin avec un genre féminin », et qui se traduirait par « je suis un individu de sexe masculin qui aime revêtir et performer tout ce qui est associé au genre féminin dans notre culture, c’est-à-dire les robes, les permanentes, le rouge à lèvres ».
Ce que dit M. Cau, c’est « je suis une femme ».
M. Cau n’est pas une femme. Il est un homme qui performe l’archétype de la féminité viriarcale. Qui se déguise en l’idée qu’il se fait de ce qu’est une femme « féminine » selon la culture dans laquelle il a grandi. M. Cau n’a pas de cadre de référence de ce que c’est que « d’être une femme » hormis les stéréotypes sexistes qui constituent le « genre féminin » dans sa culture.
L’attaque contre Mme Moutot est ainsi malhonnête et manifeste d’une dissonance cognitive chez ses rédacteurs. Ils savent parfaitement qu’un homme ne peut être une femme. Ils savent parfaitement qu’un homme ne peut que prétendre se comporter selon le « genre féminin », qui n’est autre que le rôle socio-sexuel stéréotypé que cette culture impose aux femmes. Un homme ne peut que « jouer » une partie du rôle socio-sexuel assigné aux femmes. Il peut jouer à être soumis, il peut se maquiller, se permanenter ou mettre une perruque, il peut prendre des cours pour marcher comme si son bassin n’était pas étroit et jouer à déambuler non naturellement comme le font les mannequins juchées sur leurs chaussures de torture. Et être excité sexuellement tout en faisant ceci. Voir notre prochain texte sur l’autogynéphilie.
Un homme peut tout à fait performer la féminité culturelle, car la féminité culturelle est une construction sociale, un archétype.
La citation de Preciado
Les idéologues queers adorent employer et agencer de grands mots qu’ils ne comprennent pas pour raconter n’importe quoi et se sentir originaux. Ils passent ainsi pour des philosophes aux yeux d’idiots. Par exemple, Myriam Bahaffou ou Paul B. Preciado. Ainsi les transactivistes vont invoquer des textes qu’ils ne comprennent pas et qui ont été écrits par des personnes qui décident à leur guise du sens des mots, ne s’embarrassant pas de contractions : ils ne sont plus à une malhonnêteté près. Peut-on attendre de l’intégrité de la part d’imposteurs ? Peut-on attendre d’imposteurs qu’ils défendent leur imposture avec intégrité ? Le jour où j’en rencontre un ou une, je l’invite à dîner !
Voyons voir ce que raconte Preciado. Son texte veut nous faire croire que la distinction entre sexe et genre, soit, entre la réalité matérielle du corps sexué et la notion métaphysique du genre regroupant « l’archétype féminin et l’archétype masculin », ainsi que tout un continuum de stéréotypes allant d’un archétype à l’autre, serait égale à la distinction entre « essentialisme » et « constructivisme ».
Or, essentialisme et constructivisme se placent sur un même échelon ontologique : ils sont ontologiquement synonymes. Qu’est-ce que cela signifie dans la langue de ceux qui ne gaspillent pas l’argent public ? Que l’essentialisme et le constructivisme social sont le lit des ectoplasmes métaphysiques, des notions imaginaires, des constructions mythologiques qui sont propres à une culture et/ou à une société donnée. La féminité et la masculinité sont des « essences ». L’éternel féminin est une « essence ». Les signes astrologiques sont aussi des « essences ».
Des idées imaginaires pensées par des penseurs patriarcaux et qu’ils imaginent être immuables et universelles : les penseurs patriarcaux sont des hommes envieux des femmes qu’ils détestent. Le corps des femmes fabrique la vie. Eux veulent fabriquer les symboles, les lois, les institutions, les mythologies, tout à l’image fantasmée d’eux-mêmes et selon leurs désillusions, afin de soulager leur angoisse existentielle et pour satisfaire leurs tristes désirs d’aspirants créateurs, incapables qu’ils sont de donner la vie.
L’essentialisme, c’est faire une copie imaginée de quelque chose de réel : le corps d’une femme, et de lui ajouter tout ce qui servira les désirs des hommes : l’infériorité, la sensualité, les contorsions, la douceur, etc. L’éternel féminin que dénonçait de Beauvoir, en bien, c’est le « genre féminin ». Et le genre féminin n’a rien à voir avec le sexe féminin. Le genre féminin, c’est une collection d’idées dans la tête d’un homme. L’essentialisme, c’est ce qui désigne un système de pensées dont l’objet est imaginaire, symbolique, fictif : une collection d’idées dans la tête d’un homme qui s’identifie à un philosophe, et dont le comportement se rapproche bien plus en réalité d’un trouillard de la vérité. C’est la peur de la vérité qui pousse les hommes et leurs servantes à se réfugier dans l’idéalisme. L’idéalisme est une théorie qui se base sur des collections essentialistes. En termes simples : un château de cartes.
Mais le château de cartes littéral a au moins le mérite d’être matériel, tangible, mesurable, observable, discutable : on peut discuter et prendre des mesures objectives d’un château de cartes. On peut faire des lois et des expériences contrôlées autour d’un château de cartes. Le château de cartes existe, contrairement à l’identité de genre ou signe « astro-sexologique » revendiqué par les idéologues queers.
La conscience patriarcale ne se renouvelle pas. Pas plus que le corps masculin, elle ne peut créer quoi que ce soit. Elle ne fait que se répéter : l’essentialisme, l’idéalisme, le post-modernisme et le constructivisme sont beaucoup de syllabes pour dire la même chose. Dans son texte, Preciado a une fois raison. Telle une horloge cassée qui donne au moins deux fois la bonne heure (la seconde, je la cherche encore) : Oui, l’essentialisme et le constructivisme ont le même fondement, et je viens d’en expliquer la raison. Mais là où elle nous fait des cachotteries, c’est lorsqu’elle décide de son propre chef que la réalité matérielle et physique n’existe pas. Lorsqu’elle décide, tel un homme entitré, que la réalité matérielle et physique est une « croyance ». Elle n’est plus même dans l’idéalisme, mais dans l’idéalisme absolu de Berkeley ! Autrement dit : dans la folie. Nous savons bien que la théorie queer est rétrogressiste, qu’elle est une poignée de paillettes sur l’oppression, mais tout de même, se cacher derrière une position spirituelle du XVIIIème siècle, une position de petit enfant nombriliste qui dit « en dehors de moi, rien n’existe » — encore qu’il me semble qu’elle puisse douter aussi de son existence ?
C’est ici toute la malhonnêteté que l’on retrouve dans l’idéologique du genre : le sexe n’existerait pas, le corps n’est qu’une croyance, tout comme le genre selon Paul (car selon les idéologues de l’identité de genre, le genre doit venir remplacer le sexe partout dans nos fictions sociales : constitution, droits, lois, et ce, pour une application concrète sur les corps : espaces, services). Et donc, selon elle toujours, le sexe et le genre étant tous deux métaphysiques, alors nous pouvons faire n’importe quoi.
Comment libérer toute une population « artificialisée » et élevée hors sol de sa fuite permanente dans le fantasme et dans l’idéalisme ? Faut-il attendre que la réalité matérielle, physique et concrète de leur corps finisse par se rappeler à elle bien avant l’heure ? Entre temps, ce sont les enfants et les jeunes générations sacrifiées aux bloqueurs de puberté et aux hormones qui viennent renforcer les croyances et atténuer les dissonances cognitives des fidèles.