Un homme souffrant d'un déficit en 5-alpha réductase (5-ARD) n’est pas une femme atteinte d'hyperandrogénisme
Pourquoi le sexe importe
Tous les médias français et la plupart des médias anglophones prétendent que Caster Semenya est une femme avec une condition d’hyperandrogénie. Ce qui est un mensonge pur et simple. L’athlète qui concourt contre les femmes est en réalité un homme atteint d’un trouble du développement sexuel appelé XY 5-ARD. Semenya a un taux de testostérone normal pour un homme, et non une hyperandrogénie. Carole Hooven, autrice de Testosterone: The Story of the Hormone that Dominates and Divides Us (« Testostérone : l’histoire de l’hormone qui nous domine et nous divise, non traduit ») nous explique ce dont il s’agit sur un texte qu’elle a publié sur Twitter et traduit ci-dessous.
Caster Semenya a récemment obtenu gain de cause. Caster est atteint d'une différence (ou d'un trouble) du développement sexuel (DSD), et la presse n’a cessé d’induire le public en erreur au sujet des athlètes atteints de DSD. Ces personnes méritent de la compassion et de vivre leur vie à l'abri du harcèlement, en ayant accès à des soins de santé appropriés, etc. [Car il s’agit en effet de conditions médicales nécessitant plus ou moins une prise en charge thérapeutique tout au long de la vie.] Mais des cas comme celui-ci [l’équité sportive pour les femmes] posent la question de leur biologie spécifique, basée sur le sexe.
https://reuters.com/sports/athletics/semenya-wins-appeal-over-human-rights-violations-2023-07-11/
Caster et d'autres personnes [hommes] atteintes du même DSD ne sont pas des femmes souffrant d’« hyperandrogénisme », c'est-à-dire de niveaux anormalement élevés de testostérone. Ce sont des hommes dotés de testicules produisant de la testostérone, de chromosomes sexuels XY et de taux de testostérone normaux pour leur sexe. Ils ressentent les bienfaits physiques de ce taux élevé de testostérone pendant la puberté, ce qui se traduit par des avantages athlétiques par rapport aux femmes.
[Et c’est pourquoi ils sont si nombreux à se présenter en compétition en catégories féminines : « En 2014, Ferguson-Smith & Bavington ont publié un article argumentant contre les règles de suppression de la testostérone. Les auteurs ont remarqué que bien que l’incidence des cas d’hommes DSD 46 XY est inférieure à 1/20 000 dans la population générale, ces conditions d’anomalies du développement sexuel sont présentes chez 1/421 athlète féminine. » Extrait de Born in the Right Body, d’Isidora Sanger, chapitre 18 sur les hommes atteints de DSD et le sport]
Le problème qui se pose dans le sport est que les athlètes souffrant d'un déficit en 5-alpha réductase (5-ARD) ont pu être socialisés comme des femmes et même être légalement considérés comme des femmes.
Le déficit en 5-alpha réductase est dû à une mutation du gène codant pour l'enzyme 5-alpha réductase, qui convertit la testostérone en un androgène plus puissant, la DHT. Cet androgène interagit avec le récepteur des androgènes, comme la testostérone, et est nécessaire au développement sain des organes génitaux externes masculins (pénis et scrotum) et de la prostate. En l'absence de DHT, les organes génitaux externes typiquement féminins se développent. La DHT est également responsable de la calvitie masculine et des poils sombres et drus du visage, ce qui explique pourquoi les personnes atteintes ont une peau lisse qui peut donner une apparence féminine.
Voici un extrait sur les différences de développement sexuel tiré des règlements d'admissibilité les plus récents pour la classification des athlètes féminines présentant des différences de développement sexuel :
« Certaines personnes présentent des conditions de naissance qui entraînent un développement sexuel atypique (connu sous le nom de “différences de développement sexuel” ou “DSD”). Dans certains cas, cela peut entraîner l'assignation à la naissance d'un sexe légal féminin et/ou d'une identité de genre féminine [le fait que l’enfant, considéré par les adultes comme une fille, va être élevé selon les stéréotypes sexistes et la misogynie propres à son environnement culturel], même si l'individu a des testicules (internes) pleinement fonctionnels et non des ovaires ».
Les « décideurs » sont donc conscients que les athlètes atteints de 5-ARD sont des hommes et qu'ils bénéficient des avantages de la puberté masculine. L'obligation de réduire la T à des niveaux typiquement féminins n'est pas discriminatoire, puisqu'il s'agit d'hommes qui demandent à concourir dans la catégorie féminine. Mais surtout, toutes les données scientifiques pertinentes montrent que la réduction de la T chez l'homme à l'âge adulte n'annule pas les avantages physiques de la puberté masculine.
Il est dommage que rares soient les médias grand public à dire la vérité. Nous devrions pouvoir nous appuyer sur le journalisme pour rapporter les faits, afin de pouvoir nous prononcer en connaissance de cause sur les politiques les plus justes. Et la vérité sur le sexe est importante lorsqu'il s'agit d'espaces féminins protégés, comme le sport féminin. #sexmatters
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