FAQ sur l'affaire Lin et Khelif
Traduction commentée de la FAQ sur l'affaire Lin et Khelif
Traduction point par point de la FAQ de l’affaire rédigée par la copropriétaire de @ReduxxMag – le magazine féministe qui a révélé cette affaire. L'auteure démonte les théories du complot fantaisistes qui circulent sur internet, notamment celles impliquant la Russie. Elle recentre le débat sur l'essentiel : le Comité International Olympique (CIO) est le seul responsable de ce scandale.
-----
Un petit topo rapide :
1.« L et K ne sont que des femmes avec un taux de testostérone élevé ! »
Jamais les taux de testostérone de Khelif et Lin n'ont été mesurés.
Les allégations selon lesquelles elles auraient été disqualifiées du Championnat du monde de boxe féminine 2023 en raison de simples anomalies de testostérone ont été avancées par leurs fédérations sportives nationales respectives, qui ont manifestement tout intérêt à brouiller les pistes.
2. « L & K ont des papiers d'identité féminins ! »
Khelif et Lin ne sont pas transgenres, et @ReduxxMag l'a souligné noir sur blanc dans notre article du 28 juillet.
On suppose qu'iels souffrent d'une différence de développement sexuel (DDS), c'est-à-dire d'une anomalie dans le développement des caractères sexuels secondaires. Il s'agit d'une condition médicale qui peut se manifester par la naissance d'enfants avec des organes génitaux ambigus ou atypiques. Les enfants biologiquement mâles atteints de DDS sont souvent « assignés fille à la naissance » en raison de ces anomalies génitales, car on croit sincèrement qu'il s'agit de filles.
[Les mâles XY 5-ARD tels que Caster Semeyna sont sur-représentés dans les compétitions sportives catégorie femme, et il s’agit d’une réelle injustice pour les athlètes femmes.]
Leurs papiers d'identité ne seraient donc absolument pas pertinents dans ce cas. Tout comme le fait qu'iels aient été « élevés comme des filles ». C'est monnaie courante pour les enfants biologiquement mâles atteints de DDS.
C'est d'autant plus vrai pour les enfants biologiquement mâles atteints de DDS dans les pays socialement conservateurs.
[En Algérie,] Un garçon sans pénis a-t-il plus de chances d'être élevé comme un garçon ou comme une fille ? Question rhétorique.
3. « L'IBA n'a jamais dit qu'iels avaient des chromosomes XY ! »
Le 25 mars 2023, le président de l'IBA, Umar Kremlev, a affirmé que les boxeur·euses disqualifié·es lors des championnats avaient des chromosomes XY. Il a fait cette déclaration dans un communiqué transmis à l'agence TASS news.
Seul·es deux boxeur·euses ont été disqualifié·es lors des championnats : Lin et Khelif.
4. « Mais Kremlev pourrait mentir ! »
Ces dernières 72 heures, l'IBA a publié deux communiqués distincts confirmant que Khelif et Lin n'avaient pas subi de test de testostérone, mais un autre test validé par deux laboratoires indépendants.
Ce test a confirmé qu'iels n'étaient pas éligibles pour participer à des compétitions de boxe féminine, conformément aux directives de l'IBA.
L'IBA définit le terme « femme » comme « une individue possédant des chromosomes XX ». Dans ses lignes directrices, elle précise également que les tests de sexe qu'elle utilise pour déterminer si une personne peut concourir avec des femmes sont des tests chromosomiques et non des tests hormonaux.
Dans son second communiqué, l'IBA a condamné le CIO pour avoir autorisé Khelif et Lin à poursuivre, estimant que cela mettait les boxeuses en danger et qu'elle ne cautionnait pas la « boxe mixte » [« between the genders », où « gender » est ici un euphémisme poli pour désigner le sexe biologique, comme c'était l'usage avant l'avènement du transgenrisme].
5. « Pourquoi l'IBA ne publie-t-elle pas le test ? »
Elle ne peut pas. Il s'agit d'informations médicales protégées. Elle s'exposerait à des poursuites judiciaires.
Cependant, Khelif et Lin peuvent autoriser les laboratoires à publier ces tests... Pourquoi ne l'ont-iels pas fait ?
6. « L'IBA n'a pas permis à L & K de faire appel de leur disqualification ! »
Si, elle l'a fait. Elle n'a pas le choix. Le Tribunal Arbitral du Sport (TAS) est une instance totalement indépendante qui supervise tous les litiges dans le sport de haut niveau. Chaque athlète a le droit de saisir le TAS.
Lin n'a pas contesté la disqualification.
Khelif a contesté la disqualification, mais a retiré son appel avant qu'il ne puisse être examiné par le tribunal.
[Iels savent parfaitement ce qu’iels sont.]
Demandez-vous pourquoi. Si iels étaient vraiment des femmes, pourquoi auraient-iels choisi de renoncer à l'opportunité de l'établir de manière irréfutable et juridiquement contraignante devant une instance totalement indépendante ? Rien de tout cela ne serait arrivé s'iels avaient simplement soumis leurs tests au TAS.
Mais... Notez que toutes les décisions du TAS sont publiques. C'est par le biais d'une contestation devant le TAS que le monde a appris que Caster Semenya avait des chromosomes XY, par exemple.
Si Khelif et Lin étaient passés par le TAS, il y aurait eu des preuves irréfutables, documentées par un organisme indépendant, qu'iels étaient soit de sexe masculin, soit de sexe féminin.
Alors, pourquoi ? Pourquoi n'ont-iels pas voulu que le TAS examine leurs tests ? Pourquoi ne voulaient-iels pas que cette information soit rendue publique ? Question rhétorique encore une fois.
7. « Mais le CIO a approuvé leur éligibilité pour 2024 ! »
Le CIO a cessé de soumettre les athlètes à des tests de sexe en 1999. Depuis lors, il s'en remet aux fédérations sportives individuelles pour s'assurer que les athlètes sont éligibles.
Cependant, pour les Jeux olympiques de Paris 2024, il n'existe pas d'organe de contrôle officiel pour la boxe. C'est du jamais vu.
En conséquence, le CIO a créé une unité de boxe ad hoc pour superviser temporairement les compétitions de boxe à Paris. Cette unité n'a pas de directives concernant l'éligibilité des sexes et a apparemment simplement autorisé les boxeur·euses à concourir « en tant que femmes » s'iels ont des marqueurs de sexe féminin sur leurs passeports/documents légaux.
8. « L'IBA est corrompue et on ne peut pas lui faire confiance ! »
Le CIO a depuis longtemps un problème avec l'IBA parce que celle-ci a refusé de disqualifier les athlètes russes sur la base de leur nationalité.
Les allégations de « corruption » de l'IBA peuvent se résumer à « la Russie est mauvaise, les Russes sont mauvais ». L'IBA n'a pas pour habitude de raconter des bobards sur le sexe des boxeur·euses impliqué·es et cela ne l'avantage en aucune façon de le faire. » [Contrairement au CIO.]
9. « L'IBA n'a disqualifié L & K que parce qu'iels ont battu des boxeuse russes aux championnats de 2023 ! »
Que nenni ! Cette affirmation farfelue et complètement erronée a commencé à circuler ces dernières 24 heures, mais il n'en est rien.
Khelif a vaincu la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng et devait sparrer avec la Chinoise Yang Liu pour l'or dans la catégorie des poids welters.
Lin, quant à iel, a décroché le bronze dans la catégorie des poids plume en triomphant de la Bulgare Svetlana Kamenova Staneva.
Iels n'étaient nullement destinés à affronter des boxeuses russes dans leurs catégories respectives. De surcroît, une seule boxeuse russe a raflé une médaille d'or sur l'ensemble du championnat (Anastasiia Demurchian, poids moyen léger).
L'Inde s'est taillé la part du lion avec le plus grand nombre de médailles d'or (4) au Championnat féminin 2023. La Chine a fait main basse sur le plus grand nombre de médailles (7), suivie de près par le Kazakhstan (6). La Russie, elle, n'a glané que 3 médailles au championnat.
Il convient également de souligner qu'une autre boxeuse taïwanaise, Huang Hsiao-wen, a décroché l'or dans la catégorie des poids bantam. Donc, à tous les porte-parole taïwanais qui clament haut et fort que la disqualification de Lin n'était qu'une « discrimination envers Taïwan »... permettez-moi d'en rire !
10. « L & K ont été pointés du doigt uniquement parce qu'iels n'ont pas l'air féminins ! »
L'idée selon laquelle Lin et Khelif auraient été mis sur la sellette parce qu'iels ne correspondaient pas à un prétendu « standard de beauté féminine occidentale » est non seulement abjecte, mais aussi facilement réfutable. [Et raciste en plus de cela. Comme si les gens ne savaient plus reconnaître une femme dès le moment qu’elle n’est pas blanche.] Il suffit de jeter un œil à n'importe laquelle de leurs adversaires, dont la plupart ne répondent pas non plus à ce critère arbitraire, car la boxe est un sport qui demande une sacrée constitution, que l'on soit homme ou femme.
Prenons l'exemple de la Marocaine Khadija El-Mardi, ci-dessous. D'aucuns pourraient l'accuser de ne pas coller à cette soi-disant « norme de beauté féminine occidentale ». Pourtant, El-Mardi a décroché l'or dans la catégorie des poids lourds aux championnats du monde de 2023. À l'heure où nous parlons, elle se qualifie pour les quarts de finale à Paris. C'est l'une des meilleures boxeuses au monde.
C'est une femme, point barre. Ses traits et sa grande taille n'y changent rien. Biologiquement parlant, c'est une femme. Un test génétique révélerait un caryotype XX. [Elle est mère de trois filles ! Avec les difficultés que cela entraîne pour sa carrière.]
Les femmes sont des êtres humains adultes de sexe féminin. C'est un fait, quel que soit leur physique.
De même, les hommes sont des êtres humains adultes de sexe masculin. C'est vrai quelles que soient les anomalies ou les particularités de leurs caractéristiques sexuelles secondaires.
La Marocaine Khadija El-Mardi
Pour en revenir au point 10 de cet article, il semble que l'on assiste en direct à la fabrication d'un nouveau narratif : Khelif aurait été en quelque sorte simplement « puni » pour avoir battu une boxeuse russe lors des championnats de 2023.
Observez comment l'AP présente la situation. Cela donne l'impression que Khelif a été disqualifié après avoir battu Amineva.
En réalité, l'AP a dû remonter jusqu'à DEUX MATCHS en arrière pour dénicher une confrontation entre Khelif et une Russe. Après avoir vaincu Amineva, Khelif a enchaîné en battant l'Ouzbeke Navbakhor Khamidova, puis la Thaïlandaise Janjaem Suwannapheng. La disqualification de Khelif est tombée juste avant son face-à-face prévu avec la Chinoise Yang Liu.
Aucune Russe ne s'est qualifiée pour la finale de ce match. La boxeuse russe n'a même pas fait un tour de plus. La disqualification de Khelif n'aurait en rien favorisé la boxeuse russe.
De surcroît, nombre d'autres boxeuses ont battu des adversaires russes haut la main et se sont qualifiées pour la médaille d'or sans le moindre accroc. C'est le cas de la Marocaine Khadija El-Mardi chez les poids lourds, qui a directement écarté la Russe Diana Pyatak pour se frayer un chemin vers le match pour l'or qu'elle allait finalement remporter.
Dans d'autres catégories, des boxeuses russes ont été laissées sur le carreau, ne se classant même pas. Pourtant, aucune autre boxeuse n'a été « punie » pour avoir battu ces concurrentes russes en duel direct.
Quant à Lin Yu-Ting, iel n'a jamais croisé les gants avec une seule boxeuse russe.
Ce nouveau récit qu'ils sont en train d'inventer de toutes pièces frise la schizophrénie.
@Phoenix_Rizing1 @ReduxxMag
Et j'ajouterai :
Qui a le plus intérêt à mentir ici ? C'est dans la réponse à cette question que vous trouverez le fin mot de l'histoire.
L'IBA et @umarkremlev n'ont rien à y gagner. Ils n'ont littéralement rien perdu ni gagné en disqualifiant Lin et Khelif. Ils n'ont pas l'ombre d'un avantage à s'engager dans cette bataille. En fait, la situation ne fera qu'empirer pour eux, car ils continueront à être tournés en ridicule et malmenés à l'échelle internationale.
Le CIO, en revanche, a beaucoup à perdre en ce moment. La légitimité de sa prestation déjà embarrassante à Paris. Sa décision d'abolir les tests de dépistage du sexe. Son choix de ne pas procéder à des tests de sexe appropriés dans l'un des sports de contact les plus dangereux. Les poursuites judiciaires potentielles de la part des athlètes féminines. Ses relations avec les comités olympiques nationaux de deux pays et les poursuites potentielles de leur part également. Et tout cela avant même d'aborder la politique de l'idéologie du genre elle-même.
Je conçois que Lin et Khelif ne sont pas transgenres [non, ce sont des hommes dont l’ambiguïté due à une malformation sexuelle - une ambiguïté levée par la puberté masculine intégrale qu’iels ont traversée) a été mise à profit par des businessmen du sport, et qui sont dans le déni de leur sexe (ou peut-être pas)], bien entendu, mais l'idéologie du genre reste un facteur ici, car le refus du CIO de rétablir les tests de sexe est à 100 % le résultat de son désir d'éviter les accusations de bigoterie.
Voir aussi :
et