L’association non mixte réservée aux femmes lesbiennes « Femme entre elles » a été exclue de la Marche des Fiertés précisément parce qu’il s’agit d’une association de femmes en non-mixité.
« Femmes entre elles », est une association rennaise de femmes lesbiennes en non-mixité qui propose des activités et des évènements à destination des femmes homosexuelles et bisexuelles, du co-voiturage jusqu’aux week-ends randonnée. L’association existe depuis plus de 30 ans et est activement engagée dans les mouvements de droits civils tels que les droits des femmes et les droits des personnes homosexuelles.
Hier, Femmes entre elles ont été notifiées par email de leur exclusion de la Marche des Fiertés de Rennes au motif qu’il est indiqué dans les statuts de l’association qu’elle « est ouverte à toute femme, née de sexe féminin*, désireuse d’en faire partie » (nous soulignons). Manifestement, pour Iskis, le centre « LGBTI+ » de Rennes, le désir des femmes homosexuelles à se réunir entre elles est inacceptable est requiert leur exclusion d’un évènement principalement dédié… à la visibilité des personnes homosexuelles.
« femmes nées de sexe féminin », est employé par la Rapporteuse spéciale de l'ONU sur la violence contre les femmes et les filles dans sa déclaration du 19 mai.
Ci-dessus, l’email du centre LGBTI+ envoyé à Femmes entre elles et m’ayant été communiqué. Les raisons données sont les statuts de l’association stipulant qu’il s’agit d’une association non mixte (« toute femme née de sexe féminin », n’ayons pas peur des pléonasmes par les temps qui courent) et des propos présumés qui auraient « été tenus à des bénévoles associatifs lors du village de la Marche des Fiertés de l’année dernière ». Autrement dit une allégation sans fondement, et non pas un élément concret tel que demandé dans la Charte (jointe en annexe à l’article) pour motiver le refus d’un partenariat. Quels propos ? Mystère. Les femmes de l’association ne le sauront jamais. Peut-être que l’une d’entre elles eût le malheur de dire : « Ma petite fille adore Harry Potter », ce qui est devenu, passé au prisme du militantisme trans : « Elle a dit que les personnes trans devaient être éradiquées ». À en entendre certains, la réalité, la biologie et le monde matériel seraient transphobes.
Qu’est-ce qu’une femme ? Qu’est-ce que l’homosexualité ? Il y a fort à parier que pour le Centre LGTBI+, l’homosexualité soit « une préférence génitale transphobe », selon le dogme de la nouvelle religion des sociétés industrielles qui cherche à imposer un système de croyances métaphysiques à l’ensemble de la population, mais surtout aux femmes, et en particulier aux femmes lesbiennes.
Qu’est-ce que l’inclusivité ? Dans la même verve, l’inclusivité est l’obligation de répondre aux revendications des hommes à accéder aux espaces réservés aux femmes. L’inclusivité est une affaire d’hommes. L’inclusivité est un mot travesti. En le démaquillant de ses paillettes, la notion dévoilée sous ce mot devient : contrôle coercitif masculin.
L’inclusivité consiste à imposer la présence d’hommes aux femmes homosexuelles. Il y a encore 40 ans de cela, les hommes leur disaient : « Tu n’as pas encore rencontré le bon » ou plutôt « c’est parce que tu n’as pas encore goûté à mon pénis », en des termes bien plus crus. Aujourd’hui, ils leur disent : « Mon pénis est un pénis de femme ».
Ce discours et ces revendications homophobes nées de la culture du viol, activement entretenue et renforcée par la pornographie (le sissy porn qu’affectionnent particulièrement les hommes autogynéphiles), sont le propre du militantisme transgenre, et ne sont pas partagés par les hommes transidentifiés dits « transsexuels » de la vieille école, qui ne prétendent pas être réellement des femmes et qui ont parfaitement conscience de vivre selon les stéréotypes socio-sexuels de leur culture. Les transsexuels ne cherchent pas à imposer leur présence aux femmes lesbiennes et c’est très certainement la raison pour laquelle elles les ont souvent acceptés dans leurs espaces avant que les fondamentalistes du genre des nouvelles générations exigent des privilèges.
Les hommes transidentifiés « transsexuels » ne disent pas qu’ils sont réellement des femmes, mais qu’ils « vivent en tant que femme ». Ils vivent selon le rôle socio-sexuel imposé aux femmes. Toutefois, femme n’est pas un stéréotype misogyne. Femme désigne une réalité matérielle. Les femmes existent en dehors de l’esprit des hommes, qu’ils souffrent de dysphorie sexuelle et désirent être ardemment de l’autre sexe où qu’ils se soient découverts une paraphilie obsédante en se masturbant dans les sous-vêtements de leur mère dès l’adolescence.
Ces militants transgenres abreuvés d’une idéologie patriarcale classique des stéréotypes sexistes causent également du tort aux transsexuels. Ils leur ont même dédié une insulte : « truscum » (« vraie merde » en reproche à la revendication d’une « vraie transidentité »). Pour les hommes qui ont socialement transitionné et effectué des chirurgies esthétiques radicales (improprement dite « réassignation sexuelle ») dans l’espoir de soulager leur sentiment de dysphorie sexuelle (le fait de vouloir « être » ce qu’ils s’imaginent du sexe opposé), la transidentité est intimement liée au sentiment de dysphorie ; une position inacceptable pour les militants transgenres.
À noter également que le Centre LGTBI+ de Rennes emploie dans sa charte (en annexe en fin d’article) un vocable associé à la promotion de l’exploitation sexuelle des femmes, « putophobie », lequel va souvent de pair avec les revendications des hommes à accéder aux corps des femmes qui ne veulent pas d’eux. Tout comme « transphobie », il s’agit d’un mot travesti qui déplace et pervertit la notion initiale. Les lesbiennes et survivantes de la prostitution n’ont pas une « haine des femmes en situation de prostitution », elles dénoncent le proxénétisme des hommes qui les vendent et des hommes qui les achètent (euphémiquement « clients de la prostitution » pour signifier « violeurs »).
La France est dotée d’une loi abolitionniste visant à aider les femmes victimes de la traite humaine et les femmes précaires et/ou sous emprise d’un conjoint proxénète à quitter la prostitution. Mais les moyens financiers et matériels alloués à ce programme sont si ridicules que la question du sabotage institutionnel doit être posée. L’insulte « putophobe » vise à masquer la réalité que dénoncent les féministes abolitionnistes et à fabriquer des femmes de paille contre lesquelles il devient légitime de commettre des violences. Tout comme le terme « transphobe » est appliqué aux lesbiennes qui veulent se réunir entre elles, et qui va légitimer les violences à leur égard.
L’exclusion de Femme entre elles fait suite au vandalisme des militants transgenre contre le bar LGBT « La Part des Anges », un bar inclusif qui était tenu par une femme lesbienne, mais laquelle a eu l’outrecuidance de mettre en vente le livre Quand les filles deviennent des garçons de Marie-Jo Bonnet, la militante historique du MLF, elle aussi lesbienne, historienne et autrice de plusieurs ouvrages. Ce qui a déplu aux extrémistes du genre.
Ceux-ci ont alors décidé de faire de la vie de la gérante un enfer en lui réservant le traitement de rigueur des apostats : harcèlement, diffamation, vandalisme de son établissement, divulgation de l’adresse de son domicile et menaces de mort.
Tous ces évènements ne sont pas une simple guerre culturelle entre générations. Il s’agit de la même guerre menée contre les femmes depuis l’âge du bronze en sociétés patriarcales. Il s’agit d’hommes habitués au privilège de dénommer la réalité, qui ont été élevés avec le pouvoir de se s’autodéfinir et avec le pouvoir corrélatif de définir ce que doivent être les femmes. C’est un conflit né de l’entitrement* masculin à refuser que les femmes s’auto-déterminent et choisissent les personnes avec lesquelles elles veulent s’organiser politiquement, à refuser que les femmes délimitent les contours de leur mouvement politique, à refuser que les femmes excluent les hommes de leurs espaces privés, politiques, affectifs et intellectuels, et à refuser que les femmes se rassemblent entre elles et réalisent qu’elles ont une existence autonome et indépendante d’idées et de fantasmes dans la tête des hommes.
Il s’agit d’une dynamique patriarcale classique : le militantisme trans n’est rien d’autre qu’un mouvement déguisé pour le privilège sexuel des hommes à accéder aux corps des femmes.
En d’autres termes, il s’agit d’un mouvement pour les droits sexuels des hommes.
Femmes entre elles ont commis un « crime de haine » à l’égard des hommes en les excluants de leur petit espace de respiration, alors les hommes (et leurs fidèles servantes) les punissent en les ostracisant d’un évènement mainstream autre fois destiné aux personnes homosexuelles, et que ce sont appropriés des hommes hétérosexuels.
* Le sentiment de dû que ressentent les hommes et résultant de leur pouvoir social. Les dominants pensent avoir droit à tout un tas d'attitudes de la part des dominé·es, alors qu'il s'agit de privilège au détriment de ceux et celles qu'ils exploitent. Ex. Un homme se croit entitré à l'attention d'une femme lorsqu'il lui dit dans la rue « HEY T'ES BONNE ».
Edit du 04 06 2023.
L’association a cherché du soutien auprès de la Chargée de mission Lutte contre les discriminations de la Ville de Rennes, Ariane Cousin.
(…) je vous transfère le mail de ISKIS adressé à l'association FEE.
Hier, nous avons échangé avec **** et **** sur la décision de ISKIS d'exclure notre association Femmes Entre Elles de la marche des fiertés et du cortège. Marche qui se tiendra le 17 juin à Rennes. Depuis toujours, nous avons participé au village associatif avec un stand tenu par nos ahérentes.
Cette décision fait suite au maintien de l'article 6 de nos statuts,"L'association est ouverte à toute femme, née de sexe féminin, désireuse d'en faire partie". Cet article est perçu comme transphobe. Lors des 2 dernières AG, nous avons débattu sur le changement potentiel des statuts et avons procédé à un vote lors de la dernière AG (15 avril 2023) qui a été en faveur du maintien de nos statuts. Le procès verbal de cette dernière AG n'a pas été encore diffusé à nos adhérentes. je vous transmets le PV de l'AG du 22 novembre 2022.
Voici la réponse officielle de la Ville :
ANNEXE
Article en espagnol :